Les exportations de vins et spiritueux français ont atteint des records en 2021
Une très bonne année pour les vins et les spiritueux français. Avec 15,5 milliards d'euros en 2021, le chiffre d'affaires des exportations grimpe de 28,3% par rapport à l'année précédente, selon le bilan annuel de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). En volume, cela représente 202,5 millions de caisses (des caisses de 12 bouteilles, soit 9 litres), en hausse de 10,6%. Des bons chiffres qui dépassent même leur niveau d'avant-pandémie: si l'on se réfère à 2019, déjà une année historique, le chiffre d'affaires des exportations croît de plus de 10%.
La bonne nouvelle, c'est que la hausse est beaucoup plus forte en valeur qu'en volume. Sur le cognac, les exportations grimpent de 16,4% en volume et de 31,8% en valeur. Pour les vins de Bordeaux, c'est 8,7% en volume et 29,5% en valeur. Face à la fermeture des bars et restaurants, "les consommateurs, dans le monde entier, ont eu envie de retrouver chez eux la même qualité" et se sont tournés vers des produits plus haut-de-gamme, un créneau sur lequel excelle la France, explique César Giron, président de la FEVS, lors d'une conférence de presse organisée au sein du salon Vinexpo.
De quoi assurer un excédent commercial record pour les vins et spiritueux français, à 14,2 milliards d'euros (+29,1%) – ces derniers confortent leur place de second contributeur à l'excédent commercial français derrière l'aéronautique (19,7 milliards d'euros). Quel que soit le marché, la reprise est là. Vers les Etats-Unis, premier débouché commercial, les exportations ont augmenté de 33,8%, à 4,1 milliards d'euros. Elles grimpent de 15% vers l'Allemagne, de 20,3% vers le Royaume-Uni et de près de 57% vers la Chine, profitant de l'appel d'air créé par l'arrêt des importations de vins australiens.
Outre la levée progressive des restrictions sanitaires, l'apaisement du conflit commercial avec les Etats-Unis a soulagé toute la filière. Les ventes s'étaient effondrées en octobre 2019 lorsque Donald Trump, avait instauré des surtaxes douanières de 25% sur les vins et le cognac, dans le cadre du bras de fer Boeing-Airbus. Grâce à un accord avec la nouvelle administration Biden en juillet dernier, ces taxes ont été levées pour cinq ans. Au total, ce conflit commercial aura occasionné des pertes de 560 millions d'euros entre novembre 2019 et février 2021, rapporte la FEVS.
"Aucune aide gouvernementale ne nous a été apportée, alors qu'il s'agissait d'un conflit qui ne nous concernait pas", regrette César Giron, qui est aussi patron des cognacs et champagnes du groupe Pernod Ricard, appelant le gouvernement à profiter de la présidence du Conseil de l'Union européenne pour régler ce conflit avec Washington. Il faut lever cette "menace qui pourrait revenir dans quatre ans et demi", a-t-il poursuivi.
Malgré ces très bons chiffres, les perspectives restent incertaines pour 2022. Les très faibles récoltes de 2021, pénalisées par les épisodes de gel au printemps, ne seront pas sans conséquences pour les années suivantes. "On ne pourra pas vendre les vins que l'on aura pas en cave", souligne Antoine Leccia, président du directoire d’AdVini, pour qui "2022 va être une année difficile". À ces vendanges très basses, il faut ajouter l'explosion des prix des emballages, notamment le verre, et les difficultés d'approvisionnements et de logistique liées à la crise sanitaire.
Va-t-on vers une hausse des prix des vins et spiritueux? Pour les produits vendus dans l'année, la flambée des coûts de production devrait probablement se répercuter sur les prix. C'est plus difficile à dire pour les produits qui doivent subir une procédure de vieillissement sur plusieurs années, car ils n'ont pas encore été mis en bouteille et ne seront pas expédiés avant longtemps.