Le fabricant du vaccin contre la variole du singe prêt à augmenter sa production

"J'ai décidé de déclarer une urgence de santé publique de portée internationale". Face à l’augmentation des cas de variole du singe, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclenché samedi son plus haut niveau d’alerte, a annoncé le Dr.Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La veille, l’Agence européenne des médicaments (EMA) annonçait avoir approuvé l’utilisation du vaccin Imvanex pour lutter contre la propagation de la variole du singe qui a touché à ce jour plus de 16.000 personnes dans 74 pays, dont 1700 en France.
Un seul vaccin homologué
Ce vaccin aussi connu sous le nom de Jynneos aux Etats-Unis et d’Imvamune au Canada était déjà autorisé dans l’Union européenne depuis 2013, mais uniquement contre la variole humaine. Son fabricant, le laboratoire Bavarian Nordic, a salué cette "extension d’emploi prenant normalement entre six et neuf mois".
Depuis des semaines, la société danoise de biotechnologies voit ses commandes se multiplier un peu partout dans le monde. De fait, elle est aujourd’hui la seule à commercialiser un vaccin antivariolique. Les Etats-Unis, qui ont autorisé l’utilisation de son vaccin contre la variole du singe en 2019, auraient déjà commandé 7 millions de doses. Une commande de 1,5 million de doses par un pays européen non identifié a également été annoncée la semaine dernière. Fin juin, l’autorité de santé européenne Hera (créée dans la foulée de la pandémie de Covid-19) a également acheté près de 100.000 vaccins mis à la disposition des 27 ainsi que de la Norvège et de l’Islande.
"On ne révèle pas les noms de pays mais nous avons des demandes du monde entier: Etats-Unis, pays européens, asiatiques, du Moyen-Orient", confirmait il y a quelques semaines Rolf Sass Sørensen, vice-président de Bavarian.
"Faire tourner notre usine de production pendant la nuit"
A ce stade, l’entreprise dit être en mesure de faire face à l’envolée des commandes: "Quelle que soit la demande supplémentaire à laquelle nous serons confrontés, nous espérons y répondre avec nos propres ressources", a déclaré Rolf Sass Sørensen.
"Une solution très simple consiste à faire tourner notre usine de production pendant la nuit (…)", a-t-il ajouté auprès de Bloomberg. De quoi augmenter les capacités de production de l’entreprise estimées jusqu'alors à 30 millions de doses par an dans son usine située au nord de Copenhague.
Bavarian a malgré tout indiqué être en discussion avec un sous-traitant aux Etats-Unis et d’autres producteurs pour étendre davantage sa capacité de production si cela était nécessaire. Mais "nous essayons d’éviter cela", a fait savoir Rolf Sass Sørensen, estimant que faire appel à d’autres fabricants de vaccins "prendrait beaucoup de temps et coûterait cher". "Nous n'appuierons sur ce bouton" que si la demande venait à augmenter considérablement, a également déclaré à Reuters Paul Chaplin, directeur général du groupe danois.
Prévisions revues à la hausse
Selon lui, il est peu probable que les gouvernements délivrent des licences d’office pour permettre à d’autres laboratoires de fabriquer le vaccin avec leurs propres ressources.
"Le produit ne peut pas être facilement copié. Il est donc très peu probable que quelqu’un d’autre que nous soit en mesure d’accélérer la production du vaccin", a-t-il dit.
Les montants des contrats passés avec Bavarian Nordic pour l’achat de vaccin n’ont pas été dévoilés. Le groupe danois a cependant reconnu fin juin que ces commandes lui avaient permis de relever quatre fois en trois semaines ses prévisions pour cette année.
Sur l’exercice 2022, l’entreprise table désormais sur un chiffre d’affaires compris entre 2,3 et 2,5 milliards de couronnes danoises (340 millions d’euros), contre entre 1,9 et 2,1 milliards auparavant. Le titre du groupe a par ailleurs bondi de plus de 150% depuis le début de l’épidémie de variole du singe.