TOUT COMPRENDRE - Objectif Lune: à quoi servent les accords Artemis de la Nasa que la France vient de signer?

La France a rejoint ce mardi le programme d'exploration de la Lune impulsé par les États-Unis, en signant les "accords Artemis" - Nasa
La France a rejoint ce mardi le programme de future exploration de la Lune impulsé par les États-Unis, en signant les "accords Artemis". Piloté par la Nasa, ce réglement a été élaboré avec le département d’État des États-Unis et le National Space Council. Il vise à encadrer la conquête de l'espace par des règles de bonne conduite et de coopération pour les pays qui désirent participer avec les Etats-Unis à l'exploration d'autres planètes.
• Pourquoi un accord sur l'exploration spatiale?
Ces accords visent à envoyer des humains sur la Lune d'ici à 2024, soit 55 ans après Apollo 11. Pour cela, la NASA souhaite ainsi éviter le pillage des ressources (les minerais ou l'eau lunaire) en créant un guide de bonne conduite non seulement sur la Lune, mais aussi sur Mars et les astéroïdes.
"Il est essentiel d'établir un ensemble commun de principes pour régir l'exploration et l'utilisation civiles de l'espace extra-atmosphérique", explique la Nasa sur son site.
En 2020, l'agence a annoncé la création de règles qui visent non seulement à encadrer l'extraction l'utilisation des ressources, mais aussi à protéger "les sites et les artefacts ayant une valeur historique".
Lors de l'annonce de ces accords, l'administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, affirmait sa volonté de créer une présence durable non seulement sur, mais aussi autour de la surface lunaire.
"Les accords d'Artemis décriront une vision commune des principes, fondée sur le Traité sur l'espace extra-atmosphérique de 1967, pour créer un environnement sûr et transparent qui facilite l'exploration, la science et les activités commerciales dont toute l'humanité pourra profiter".
Les accords Artemis visent aussi à construire la Lunar Gateway, une station qui sera assemblée en orbite lunaire à partir de 2024. Elle servira de base d'étape pour des vols habités plus lointains.
• Quelles sont les règles de l'accord?
Au travers de cette coopération internationale, Artemis vise "non seulement à renforcer l'exploration spatiale, mais aussi à renforcer les relations pacifiques entre les nations" en s'appuyant les différents traités et conventions sur l’espace extra-atmosphérique.
Il impose d'abord aux signataires une transparence en décrivant publiquement ses politiques et ses plans. Seconde règle, l'interopérabilité des systèmes. Les pays partenaires s'engagent à utiliser des normes internationales ouvertes, à développer de nouvelles normes.
Les membres de cette coopération doivent être solidaires en se prêtant assistance en cas de besoin notamment sur le sauvetage des astronautes en détresse. Ils prendront "toutes les mesures raisonnables possibles" pour les secourir et faire revenir sur terre les objets lancés dans l'espace extra-atmosphérique.
Enfin, les pays signataires participeront à l'immatriculation des données spatiales comme l'impose la Convention de 1976. Ils doivent aussi rendre publics leurs données scientifiques en informant le Secrétaire général de l’ONU. Ils devront aussi préserver l'environnement en évitant de créer des débris orbitaux et en éliminant ceux qu'ils pourraient générer.
• Quels sont les pays signataires?
En deux ans, une vingtaine de pays ont signé les Accords Artemis. La France devient ainsi le 20e pays de ce groupe. Les 19 autres sont l'Australie, le Bahrein, le Brésil, le Canada, la Colombie, Israël, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Nouvelle Zélande, la Pologne, la Corée du Sud, la Roumanie, Singapour, l'Ukraine, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et, bien sur, les Etats-Unis.
• Quels autres textes régissent l’espace extra-atmosphérique?
• Les accords Artemis sont en conformité avec les autres règles régissant l'espace. Le plus connu est le traité de l'espace signé en 1967 dans le cadre des Nations Unis. Il pose les fondements juridiques de l'exploration de l'espace. Il interdit par exemple la mise en place d'armes de destruction massive dans l'espace que ce soit sur l'orbite de la Terre ou sur la Lune. Aucun pays ne peut s'arroger une ressource stellaire comme la leur ou de s'approprier des ressources spatiales.
• La Convention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace régit les États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes. Elle contribue à "la réalisation des buts et principes de la Charte des Nations Unies".
Dans son article 1, elle rappelle que les missions "doivent se faire pour le bien et dans l’intérêt de tous les pays, quel que soit le stade de leur développement économique ou scientifique; elles sont l’apanage de l’humanité tout entière".
• Depuis 2007, un texte du Comité des Nations unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique (CUPEEA) encadre aussi les débris spatiaux. Les pays doivent les éliminer et gérer les satellites obsolètes qui errent dans l'espace. En 2021, un débris a endommagé un bras robotique de la Station spatiale internationale (ISS). Cet objet faisait parti d'un nuage créé par un test de tir de missile antisatellite par la Russie. Il y aurait des millions d'éléments de toutes tailles menaçant notamment les satellites, mais seulement 23.000 sont suivis par les différentes agences spatiales.
