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Pourquoi les laboratoires d'analyses sont en grève jusqu'à mercredi

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Environ 95% des quelque 4000 laboratoires de biologie médicale en France sont en grève à partir d'aujourd'hui et jusqu'à mercredi. Ils protestent contre la baisse des tarifs des actes que leur réclame l'Etat afin de réaliser 250 millions d'euros d'économies.

Pour l'instant, il ne s'agit que d'une grève de trois jours mais celle-ci pourrait durer plus longtemps. La très grande majorité des 4200 laboratoires d'analyses présents sur le territoire français baissent leur rideau d'aujourd'hui à mercredi. En cause, l'article 27 du projet de loi de financement de la sécurité sociale en 2023 via lequel l'Etat leur demande de reverser 250 millions d'euros par an. Il s'agit d'une compensation du chiffre d'affaires conséquent enregistré depuis le début de la pandémie de coronavirus grâce aux nombreux tests antigéniques et PCR réalisés.

"Les laboratoires médicaux font un travail essentiel, ils nous ont beaucoup aidés pendant le Covid pour faire les tests pour les Français, rappelait le ministre des Comptes publics Gabriel Attal la semaine dernière sur BFMTV. Ces tests Covid leur ont rapportés un chiffre d’affaires de plus de 7 milliards d’euros, financé par la sécurité sociale, c’est-à-dire par tous les Français. Les laboratoires de biologie médicale peuvent faire des efforts."

Un problème sur la forme plus que sur le fond

S'ils ne sont pas opposés à cette contribution sur le principe, les laboratoires de biologie médicale en dénonce les modalités puisque l'Etat souhaite qu'ils réalisent ces économies via une baisse des tarifs de leurs actes. "Le gouvernement souhaite récupérer ces 250 millions d’euros en baissant la quotation de nos actes de façon définitive, confirme François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes. Nous souhaitons le redonner sur l’activité Covid qui est une activité exceptionnelle."

Car c'est bien là l'autre point de friction : la baisse s'appliquerait à l'ensemble des actes, des analyses urinaires, aux bilans hormonaux en passant par les examens sanguins. "Cela va avoir des conséquences sur les laboratoires qui sont dans des zones dites de désert médical et dans lesquelles aujourd'hui nous n'avons pas ou peu de prescripteurs", expliquait ce week-end le syndicaliste à nos confrères de Franceinfo.

Nous avons fait des économies pendant plus de 10 ans, plus de 5 milliards d'économie, ajoutait-il. Nous sommes une profession très contrainte et nous redonnons chaque année parfois plusieurs centaines de millions d'euros.

Dans l'attente d'un geste du gouvernement

Si les laboratoires traitent quand même les cas urgents, ils ne prennent pas en charge les autres rendez-vous qui sont annulés, les patients étant redirigés vers les laboratoires des hôpitaux publics. "Pour l'instant c'est parti pour trois jours mais ce sera reconductible en fonction des avancées que nous avons ou des négociations", indiquait François Blanchecotte, toujours auprès de Franceinfo.

Alors que le ministère de la Santé appelle à une reprise des des négociations, dénonçant une situation "inadmissible", les biologistes attendent un geste du gouvernement après avoir enregistré une petite victoire auprès du Sénat. La semaine dernière, la chambre haute du Parlement a en effet voté un amendement au PLFSS afin de transformer cette baisse pérenne en contribution exceptionnelle de 250 millions d'euros sur l'exercice 2023.

Timothée Talbi