Pourquoi le Japon va réduire ses exportations de machines fabriquant des semi-conducteurs

Le Japon a annoncé vendredi son intention de restreindre l'exportation d'équipements de fabrication de semi-conducteurs, après une annonce similaire des Pays-Bas au début du mois, vivement critiquée par la Chine.
La mesure vise à "prévenir le détournement de la technologie à des fins militaires", a déclaré à la presse le ministre japonais de l'Economie, Yasutoshi Nishimura.
Les tensions internationales se sont accrues ces dernières années autour du secteur stratégique des semi-conducteurs, composants électroniques indispensables au fonctionnement des smartphones, des voitures connectées ou consoles de jeu mais aussi d'équipements militaires.
Féroce bataille
La Chine et les Etats-Unis se livrent une féroce bataille pour la fabrication de ces puces, et au nom de la sécurité nationale, Washington a multiplié ces derniers mois les sanctions à l'encontre des fabricants chinois.
Les Pays-Bas ont de leur côté annoncé début mars qu'ils allaient aussi freiner l'exportation de technologies destinées à la fabrication de puces électroniques pour des raisons de "sécurité", après des pressions des Etats-Unis en ce sens.
Washington avait également incité son allié japonais à imposer des restrictions, mais Yasutoshi Nishimura a assuré que la mesure ne visait aucun pays en particulier.
Le Japon "entend jouer un rôle responsable au sein de la communauté internationale" en tant que pays disposant d'une technologie de pointe en matière de puces-mémoires, a ajouté le ministre.
Une dizaine de groupes japonais concernés
Le gouvernement nippon va désormais solliciter l'opinion du public sur ce projet concernant 23 types d'équipements de fabrication de semi-conducteurs avancés, qui doit entrer en vigueur en juillet. Une dizaine d'entreprises nippones, dont Tokyo Electron et Nikon, seront affectées par ces nouvelles mesures, a rapporté l'agence de presse Jiji en citant des sources gouvernementales.
Le cours de Tokyo Electron à la Bourse de Tokyo, qui progressait avant les annonces du gouvernement, perdait 0,6% vers 03H50 GMT.
Washington avait annoncé en octobre dernier de nouveaux contrôles à l'exportation visant à limiter la capacité de Pékin à acheter et fabriquer des puces haut de gamme "utilisées dans des applications militaires".
Face à ces restrictions, la Chine avait annoncé fin 2022 le dépôt d'une procédure auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), accusant les Etats-Unis de mettre en péril les chaînes mondiales d'approvisionnement.
Vives critiques de Pékin
Pékin avait aussi vivement critiqué la décision néerlandaise, résultat selon elle du "harcèlement et de l'hégémonie" de l'Occident. Afin de réduire sa dépendance aux importations étrangères pour ses puces électroniques, la Chine a dépensé ces 10 dernières années des milliards de dollars dans sa propre industrie de semi-conducteurs.
Elle a également annoncé début mars qu'elle allait injecter 1,9 milliard de dollars (1,7 milliard d'euros) de financements dans l'un des principaux fabricants chinois de ce secteur, Yangtze Memory Technologies Co (YMTC).
Le Japon a par ailleurs annoncé vendredi que son ministre des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi se rendrait en Chine ce week-end, une première pour un chef de la diplomatie nippone depuis plus de trois ans.
Les relations entre ces deux proches partenaires commerciaux se sont détériorées ces dernières années sur fond d'ambitions croissantes de la Chine dans la zone Asie-Pacifique. En novembre dernier, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le président chinois Xi Jinping se sont rencontrés en marge d'un sommet à Bangkok, convenant de poursuivre les contacts à haut niveau entre les deux pays.