Patrick Koller: "La crise des semi-conducteurs va se poursuivre jusqu'au 2e semestre 2023"

Pas de sortie de crise à l'horizon pour le secteur automobile. L'équipementier français Faurecia (renommé Forvia depuis le rachat de l'allemand Hella), est ainsi resté prudent dans ses prévisions de résultats pour 2022 publiées il y a quelques jours, avec un chiffre d'affaires de 24 milliards d'euros.
Pour son directeur général, Patrick Koller, l'environnement reste en effet imprévisible, en particulier sur la production automobile attendue pour cette année:
"La grande différence avec IHS, l'organisme qui prévoit les volumes dans l'automobile, est de 3 millions de véhicules sur le 2e semestre", a souligné Patrick Koller.
Le cabinet S&P Global Mobility (ex-IHS Markit) a en effet revu encore à la baisse la semaine dernière sa prévision, anticipant un total de 80,62 millions de véhicules fabriqués dans le monde cette année. Mais une prévision qui reste donc encore trop optimiste pour le dirigeant de Faurecia, avec un environnement encore incertain:
"Je pense que la crise des semi-conducteurs ne va pas s'arranger sur le 2e semestre (2022), probablement même pas avant le 2e semestre de l'année prochaine: la guerre en Ukraine, nous n'avons aucune visibilité, et Omicron en Chine est compliqué. Vous avez vu, cela a commencé dans le nord de la Chine à Changchun, cela se poursuit à Shanghai et il y aura peut-être un développement à Pékin, donc le cumul de ces trois éléments, qui auront aussi une répercussion sur la demande avec toutes les inflations qui font que les voitures vont coûter plus cher, que les taux d'intérêt vont augmenter, nous inquiète en matière de volumes. Avec la visibilité ou plutôt le manque de visibilité que nous avons actuellement, il convient d'être prudent."
Contrat avec Mercedes dans le numérique
Patrick Koller est également revenu sur l'accord signé avec Mercedes sur les tableaux de bord du futur.
Le fruit de la coentreprise créé par Faurecia avec l'entreprise portugaise Aptoide, qui a développé un portefeuille d'applications pour les constructeurs automobiles.
"Ce qui est intéressant, c'est que nous n'imposons pas les mêmes contraintes en matière de propriétés de données, ni même de services supplémentaires qui vont avec le portefeuille d'applications, par rapport à Google ou Apple, et donc on offre beaucoup de flexibilité: les constructeurs peuvent choisir le portefeuille d'applications qu'ils souhaitent avoir par pays", a résumé Patrick Koller.
BMW et Volkswagen font aussi partie des clients de cette solution Faurecia-Aptoide. Des discussions sont en cours avec d'autres constructeurs.