Nissan brandit l’épouvantail Google dans ses négociations avec Renault

Les négociations entre Renault et Nissan entrent dans le dur. Les deux constructeurs ont entamé depuis plusieurs semaines une remise à plat de leur Alliance. Renault est prêt à réduire sa part de 43% au capital de Nissan en échange d’une entrée de son partenaire dans sa nouvelle filiale dédiée aux véhicules électriques, Ampère. Mais ces derniers jours, les discussions patinent.
"Nissan est prêt à investir aux côtés de Renault mais pas à n’importe quel prix", explique une source proche de l’Alliance.
Quid de Google
Les Japonais réclament des garanties précises sur l’utilisation des données, des logiciels, des codes sources qu’ils accepteraient de partager avec Renault. Nissan veut protéger sa propriété intellectuelle sur les technologies de véhicules électriques.
Le groupe craint que Renault ne les partage avec un partenaire tiers, au premier rang desquels Google, allié du constructeur français depuis quatre ans. Il veut aussi savoir quels autres constructeurs concurrents auront accès à ces données stratégiques.
Dans le camp français, on calme le jeu: "il n’y a pas de blocage mais des ajustements à faire, rassure une source proche de Renault. Les négociations sont proches de leur issue et tout le monde veut conclure". Mais l’accord entre les deux constructeurs ne sera pas prêt pour la semaine prochaine.
Rapport de force en faveur de Renault
Renault présentera mardi 8 novembre son projet "Ampère", la filiale dédiée à l’électrique qu’il va créer afin de l’introduire en Bourse l’année prochaine. Peu de chance également que cet accord ne soit bouclé pour la semaine suivante alors que les trois constructeurs de l’Alliance, Renault, Nissan et Mitsubishi se réunissent le 15 novembre.
L’accord définitif doit être entériné par les conseils d’administration des deux constructeurs. Renault juge le rapport de force en sa faveur. "Si Nissan ne participe pas au projet Ampère, Renault ne réduira pas sa part dans son capital", tranche une source proche du Losange. Or, pour Nissan l’enjeu principal est que Renault baisse sa participation de 43% à 15%.
Sauf qu’aujourd’hui, ce "bloc" de 28% vaut 4 milliards d’euros en Bourse, deux fois moins que dans les comptes de Renault qui exclut de le vendre à perte. Ces actions ne seront donc pas cédées immédiatement mais logées dans une société ad hoc, un trust ou une fiducie, comme l’expliquait Le Monde. Une structure qui permettra à Renault de vendre ses actions Nissan quand le cours de Bourse remontera et selon les besoins de financement de sa branche électrique "Ampère".