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Masques: les fabricants français demandent à l'Etat d'arrêter d'acheter chinois

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Le Syndicat des fabricants de masques français demande au gouvernement d'imposer la filière France pour les commandes publiques afin de préserver l'emploi et éviter les pénuries en cas de 4e vague.

Acheter des masques sanitaires au meilleur prix. C'est la condition numéro des services de l'Etat (administrations, institutions et entreprises publiques) dans leurs commandes. Pour le Syndicat des fabricants de masques français, cette règle de commandes publiques risque d'alourdir la facture au lieu de l'alléger et nuit gravement à la souveraineté sanitaire.

Actuellement, seul le critère du prix est pris en compte dans les appels d'offre. Un paradoxe pour les fabricants français. Ils rappellent d'une part que cette filière a été subventionnée par l'Etat mais que les marchés sont en grande majorité remportés par des entreprises chinoises. Les masques français peinent en effet à être compétitifs. Ils sont en moyenne 20 à 30% plus chers que les produits chinois.

"Le prix est le seul critère retenu dans les appels d'offres publics et c'est le masque le moins cher qui est choisi. De plus, les exportations chinoises sont subventionnées et un producteur français ne peut se mettre en concurrence avec un masque importé", dénonce sur France Bleu Christian Curel, président du Syndicat des fabricants de masques français et directeur général de PRISM, une société qui fabrique des masques à Frontignan (Hérault).

Christian Curel réclame au gouvernement de changer les critères des appels d'offres.

"Il faut faire intervenir la partie environnementale, la qualité des masques et la garantie d'approvisionnement pour ne pas revivre ce qu'on a vécu l'année dernière. Lorsqu'il y a eu la pandémie en Chine et qu'elle a fermé ses frontière, il n'y avait plus de masque nul part dans le monde", rappelle le représentant des fabricants de masques français qui craint une nouvelle pénurie en cas de nouvelle vague épidémique.

Une saine concurrence

Cette demande a déjà été faite en mai dernier par Yvan Malepart, patron de Macopharma.

Nous ne demandons pas de favoritisme mais une concurrence saine. On ne peut pas continuer à laisser entrer en Europe des masques qui ne respectent pas les normes", expliquait au Figaro Yvan Malepart.

Du groupe Chargeurs à LVMH en passant par Intermarché via sa filiale les Celluloses de Brocéliande, ce sont une vingtaine d'industriels qui se sont lancés sur le créneau durant l'année 2020. Ces entreprises ont investi entre 300.000 et 600.000 euros chacune dans des lignes de production.

Nous sommes passés de 3,5 millions de masques sanitaires (chirurgicaux et FFP2) produits par semaine en janvier 2020 avec quatre producteurs à 100 millions début 2021 avec une trentaine de producteurs", reconnaissait récemment un porte-parole du cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’industrie.

Selon Christian Curel, ces entreprises françaises ont une capacité de production hebdomadaire de 100 millions de masques. Aujourd'hui, ces usines ne produisent qu'un tiers de ce potentiel, faute de commandes et se retrouvent paradoxalement en situation de surproduction alors que les commandes sont signées avec la Chine.

"Si nous continuons (à appliquer ces règles, NDLR), cette filière qui a été subventionnée va devoir s'arrêter", alerte Christian Curel.

Ce serait comme une seconde déflagration pour cette filière nationale. Pour lancer ces unités de production, ces entreprises ont fortement recrutées. 10.000 emplois ont été créés "dont un bon tiers sans qualification. Des entreprises historiques comme Kolmi Hopen et Valmy ont de leur côté embauché des centaines de salariés en CDD ou interim. Pour le patron de Prism, "ces emplois vont clairement disparaitre".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco