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"Je travaille 80 heures par semaine": le patron de Renault défend sa rémunération de 5,5 millions d'euros

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Lors de son audition à l'Assemblée nationale sur le sort de son ancienne filiale menacée, la Fonderie de Bretagne, le directeur général du groupe Renault s'est justifié sur sa rémunération et a aussi mis en avant les investissements réalisés en France ces dernières années.

Luca de Meo passe sur le grill des députés. Le directeur général du groupe Renault participait à une audition à l'Assemblée nationale ce mardi 4 février pour revenir sur le sort de la Fonderie de Bretagne, ancienne filiale de Renault menacée de fermeture.

"Si, malheureusement, malgré les montants engagés par Renault, aucun plan de reprise ne se dessine, on prendra nos responsabilités et on proposera un emploi équivalent aux salariés sur un de nos sites en France", a souligné Luca de Meo devant les députés de la Commission des Affaires économiques.

La Fonderie de Bretagne (FDB) est une ancienne filiale du groupe Renault, dont les 300 salariés produisent des pièces en fonte pour les suspensions et les échappements. En 2022, FDB avait été vendue par Renault, alors en grande difficulté, à un fonds d'investissement allemand.

"Est-ce que vous pensez que vous valez 260 travailleurs?"

Ces échanges ont été aussi l'occasion de revenir sur la rémunération de Luca de Meo: "Je vous écoute depuis deux heures parler avec une forme de légèreté, de détachement, presque comme si le sort des salariés de la Fonderie de Bretagne ne vous obligeait pas", a commencé le député du groupe Les Ecologistes - EELV, Benjamin Lucas.

"Vous disiez tout à l'heure 'Tout le monde souffre'. Je trouvais ça assez curieux parce que votre rémunération en 2024 c'est 1,7 million d'euros fixe annuel, +30% quand même en 2024, ça fera sans doute rêver beaucoup de salariés qui qui nous regardent", a-t-il poursuivi, après avoir évoqué les "248 millions d'euros d'aides publiques" reçues par le groupe français en 2023.

Le député a ensuite évoqué sa rémunération totale, incluant le variable: "5,5 millions d'euros sur un an hors action, c'est-à-dire l'équivalent, pour qu'on ait bien en tête ce que ça représente, de 260 personnes au Smic. C'est à peu près le nombre de salariés qu'il y a à la Fonderie de Bretagne, ils sont 300."

"Ma question, elle est donc simple, est-ce que vous pensez, monsieur le directeur général, que moralement, intellectuellement, par la force de votre travail, vous valez 260 travailleurs?"

Et Luca de Meo de répondre: "Je pense qu'il faut aussi comprendre que des gens comme nous, ils sont là parce qu'on a derrière nous une carrière de vingt, trente ans, où toutes les années on a dû démontrer des résultats. Et quand nous on fait des résultats, on crée de la valeur."

"Je travaille 60, 70, 80 heures par semaine"

Le dirigeant a ensuite mis en avant ses résultats depuis son arrivée chez Renault en 2022, avec une valeur en Bourse triplée: "Peut-être que ça ne vous intéresse pas particulièrement, si vous n'êtes pas actionnaire, on a créé 10 milliards. (Et cela concerne aussi) 93% des salariés de Renault auxquels on est en train de donner 10% du capital de Renault, juste pour votre information."

"On a créé 10 milliards de cash en positif et on a créé 10 milliards de marge opérationnelle. Ça c'est la valeur, ça, c'est ce qu'on fait", a ajouté Luca de Meo, avant de revenir sur son rythme de travail.

"Moi, je travaille 60, 70, 80 heures par semaine, Vous pensez que je dors la nuit tranquille quand il y a ce type problème?"

"Nous aussi, on est des travailleurs. On est des gens qui mettent tout et risquent tout dans le truc. Ça c'est la vérité, ce ne sont pas des décisions faciles. Des fois, il faut qu'on prenne des décisions faciles, des fois ce ne sont pas des décisions faciles", a-t-il conclu, en affirmant avoir créé avec son équipe "8.000 postes de travail en France" ces dernières annéés.

Une production en passe d'être doublée en France

Lors de cette audition, Luca de Meo est également revenu sur ces investissements en France:

"Quand je suis arrivé, Renault produisait moins de 400.000 voitures en France, on est dans les conditions de pouvoir en produire 800.000 à horizon 2028-2030. Donc on va doubler la production en France", a-t-il indiqué, évoquant des achats de l'ordre de "5 milliards d'euros à des fournisseurs français".

De quoi aussi revenir sur les dernières nouveautés de la marque et la volonté de les produire en France, plutôt qu'à l'étranger:

"Cela aurait été beaucoup plus facile pour moi de mettre une Renault 5 au Maroc ou en Turquie, que la mettre dans le Nord de la France. Mais on est en train d'y arriver car les équipes font un très bon boulot, qu'on a fait une voiture plutôt simple et qu'on arrive à assembler en 10 heures sur la ligne de Flins (Douai, NDLR) ce qui nous permet de compenser le coût du travail."

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto