Inflation alimentaire: les industriels accusent la distribution mais prévoient quelques baisses de prix

Le sentiment d'être le bouc-émissaire... Si les industriels de l'agroalimentaire ont accepté ce mercredi de rouvrir les négociations avec la grande distribution sous la pression du gouvernement, afin de répercuter dans les prix la baisse du coût des intrants (matières premières, emballages...), ils affichent un certain agacement.
"On n'est pas responsables de l'inflation", résume sèchement dans Good Morning Business ce jeudi, Richard Panquiault, directeur général de l'Ilec (l'Institut de liaisons des entreprises de consommation) une association qui rassemble 90 industriels du secteur représentant 75% du panier moyen du consommateur.
"Il se trouve que les coûts ont tous explosé depuis deux ans, forcément il y a une répercussion", explique-t-il. Mais le responsable estime que les acteurs de la grande distribution sont les premiers responsables de la flambée des prix.
"Les surcoûts des industriels ont été répercutés entre 40 et 70% dans les prix auxquels ils vendent à la grande distribution. Le prix de vente consommateurs, c'est la responsabilité des distributeurs. Si, par exemple, moi, industriel, j'arrive à obtenir une revalorisation de mon prix de 10%, je peux retrouver une augmentation de mon prix consommateur de 15% ou 20%. Ce qu'on dit, c'est qu'il y a des augmentations de prix consommateurs supérieures aux prix auxquels les industriels vendent aux distributeurs", explique le responsable.
"Le prix de vente consommateurs, c'est la responsabilité des distributeurs"
Et de préciser: "aujourd'hui, il y a une énorme pression sur les marques des distributeurs, je suis sûr qu'ils ont fait des efforts considérables sur les marges de ces produits, peut-être que c'est en partie compensé par les marges sur les marques nationales mais c'est leur métier, c'est ce qu'on appelle la péréquation".
Pourtant, tout porte à croire que les grands industriels ont bel et bien augmenté leurs marges, un constat que le responsable relativise. "L'industrie, c'est des marges plus importantes (que la grande distribution, NDLR) parce que ce sont des chiffres d'affaires beaucoup plus faibles. Le vrai indicateur, c'est la marge sur le coût du capital, vous avez aujourd'hui des ratios de l'industrie qui sont en baisse et inférieurs à certains distributeurs". Et de souligner que les filiales françaises des grands industriels mondiaux présentent "une rentabilité très faible".
Richard Panquiault rejette également l'idée que les industriels auraient traîné des pieds pour renégocier. "On accepte de se remettre autour de la table mais comme on le fait naturellement. Les accords sur une année sont signés au plus tard au 1er mars, la plupart du temps, les contrats prévoient de se revoir au mois de juin et donc assez naturellement on se revoit pour faire l'état des lieux. De toutes façons, on l'aurait fait".
Pour autant, ces négociations devraient bel et bien déboucher sur des baisses de prix. Pour quels produits? "On se focalise sur les produits dont les intrants ont baissé de plus de 20% entre mars dernier et aujourd'hui: le blé (-45% sur un an, NDLR) et les huiles végétales. Donc pour les produits qui utilisent massivement le blé et les huiles végétales, on peut s'attendre à ce qu'il y ait des baisses au mois de juin" assure Richard Panquiault.