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En rachetant l’allemand Hella, Faurecia se renforce dans le véhicule connecté et électrique

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Avec le rachat de Hella, Faurecia acquiert de nouvelles compétences dans les technologies d’éclairage et pour surfer sur l’accélération des ventes de voitures électriques. Le nouvel ensemble double au passage Valeo et devient le septième équipementier automobile mondial.

"Constituer un leader mondial dans les technologies automobile": c’est l’objectif affiché ce lundi matin par Patrick Koller. Le directeur général de Faurecia revenait sur l’acquisition de son concurrent allemand Hella, scellée dans le week-end du 15 août, à l’occasion d’une conférence de presse en ligne.

L’équipementier français va en effet prendre une participation majoritaire dans l'entreprise familiale Hella en rachetant 60% des parts de l’entreprise allemande au prix de 60 euros par action, ce qui revient à une facture de 3,4 milliards d’euros en numéraire et via l’émission de nouvelles actions. Une OPA sur l’ensemble des titres restants est aussi prévue au même prix, avec une valeur d’entreprise estimée à 6,7 milliards d’euros. L’accord devrait être conclu début 2022.

Si on reprend les prévisions de ventes pour 2021, le nouvel ensemble réaliserait un chiffre d'affaires cumulés de 23 milliards d'euros (16,5 milliards pour Faurecia, 6,5 pour Hella), ce qui en ferait le septième acteur mondial. Au passage Faurecia passerait ainsi devant son principal concurrent français, Valeo, qui prévoit entre 17,6 et 18,2 milliards d'euros de ventes cette année.

Les points forts d'Hella

Un joli coup pour Faurecia, qui avait retrouvé son "autonomie stratégique" en début d'année avec la fusion entre PSA, son actionnaire majoritaire depuis plus de 20 ans, et Fiat-Chrysler pour former le groupe Stellantis.

Premier point fort, Hella fait figure de leader mondial dans les technologies d'éclairage automobiles, ce qui manquait dans l'offre de l'équipementier français.

Faurecia se renforce aussi sur la partie composants électroniques et logiciels, décisive dans la course actuelle vers des véhicules de plus en plus connectés et autonomes. Le français s'était déjà renforcé avec le rachat du japonais Clarion en 2019 et les ventes dans ce domaine doivent ainsi quasiment doubler pour Faurecia-Hella avec un chiffre d'affaires estimé à 7 milliards d'euros en 2025.

Alors que l'Europe vient d'annoncer la fin des ventes de voitures thermiques neuves pour 2035, Faurecia récupère également une entreprise spécialisée dans différents modules essentiels aux voitures 100% électriques. Dans ce contexte, le chiffre d'affaires du nouvel ensemble doit être de moins en moins dépendant du véhicule thermique, avec une part des revenus liés à cette motorisation qui doit passer de 25% en 2020 à 20% cette année et à seulement 10% en 2025.

"Hella est bien positionnée sur le véhicule électrique, notamment dans les convertisseurs DCDC, les chargeurs embarqués ou encore le système de gestion des batteries (ou "BMS" pour "Battery Management System"), alors que nous, nous étions plutôt concentrés sur les batteries ou le véhicule à hydrogène", a expliqué Patrick Koller.

Leadership réparti entre France et Allemagne

Le directeur général franco-allemand de Faurecia a sans doute aussi été un facteur clé pour que la famille fondatrice accepte cet accord, alors que l'entreprise était aussi courtisée par d'autres équipementiers comme Plastic Omnium.

Une famille fondatrice qui continuera à accompagner le développement de l'entreprise en tant qu'actionnaire de Faurecia à hauteur de 9% maximum. Avec une histoire qui remonte à 1899, Hella conservera d’ailleurs une base importante en Allemagne et en particulier dans sa base de Lippstadt, dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cette petite ville de 66.000 habitants conservera le siège de trois entités: "électronique et logiciels", "éclairage" et "valorisation du cycle de vie des produits". Les activités "sièges", "intérieurs de véhicules" et "mobilité propre" resteront basées à Nanterre (Hauts-de-Seine), siège de Faurecia.

Avec 39 centres de recherche et développement actuellement dans le monde, Faurecia met aussi en avant les 9,5% de chiffre d'affaires d'Hella qui ont été investis dans le développement de nouveaux produits lors du dernier trimestre de son exercice décalé 2020/2021. Un point essentiel pour garder une longueur d'avance dans la course aux nouvelles technologies dans l'automobile, avec, au total pour le nouvel ensemble 18.500 ingénieurs pour un effectif cumulé de plus de 150.000 employés.

Le nouvel ensemble vise 33 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2025, en s'appuyant sur les positionnements des deux entreprises à travers le monde. Faurecia reste notamment bien placée en Asie (25% de son chiffre d'affaires) alors que Hella entretient des liens privilégiés avec les constructeurs premium allemands.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto