Concurrencée en France, la SNCF mise sur l'international

- - Loic Venacnce- AFP
Confrontée à l'arrivée de la concurrence sur son marché historique, la SNCF s'est donné pour objectif de réaliser la moitié de son chiffre d'affaires à l'étranger d'ici 2025, pour mieux défendre ses positions en France. "Le développement commercial à l'international est au coeur de notre stratégie", assure son patron, Guillaume Pepy.
"L'international sert à deux choses", a-t-il résumé à l'AFP, lors d'une courte visite à Shanghai. "Cela apporte de la croissance et donc de l'emploi - 9.000 personnes en France ne travaillent que pour l'international -, et du résultat," a-t-il poursuivi, rappelant que la France était un marché mature et qu'il fallait donc chercher ailleurs des relais de croissance.
Se préparer à la concurrence
Deuxième axe, très important pour le patron de la SNCF: "C'est l'école de la concurrence et de l'innovation", souligne-t-il. "A l'étranger, nous formons nos managers à ce qui va arriver en France": ils apprennent à se frotter aux concurrents, savent ce que c'est qu'un appel d'offres, et ramènent des idées nouvelles. "L'ancrage international permet d'ouvrir l'esprit des gens," estime-t-il.
Sur un chiffre d'affaires global de 33,3 milliards d'euros en 2018, le tiers a été réalisé hors de France. "Notre objectif est de passer à 50% vers 2023 à 2025", l'hésitation sur la date venant d'éventuelles acquisitions qui soutiendraient la croissance organique, expose Guillaume Pepy.
A cet égard, le dirigeant, qui doit quitter son poste à la fin de l'année, se veut aussi volontariste que prudent: "Nous pouvons nous permettre quelques acquisitions. Nous en avons déjà fait beaucoup dans le passé. Mais nous ne pouvons pas faire d'erreur sur l'entreprise que nous voudrions racheter." Et d'ajouter: "Le contribuable français ne comprendrait pas que nous payions trop cher une société américaine ou asiatique!"
Logistique et transports du quotidien
L'affaire potentielle du moment est Arriva, une société britannique spécialisée dans les transports publics que la Deutsche Bahn met en vente. "On ne peut pas ne pas regarder", dit Guillaume Pepy. Ce rachat ferait doubler la taille de Keolis, la filiale de la SNCF spécialiste des transports en commun et partagés.
Sans décourager les marchés de niche comme la grande vitesse ou l'ingénierie, Guillaume Pepy compte surtout sur la logistique et les transports du quotidien pour grossir à l'étranger, et souhaite ne pas se disperser dans un trop grand nombre de pays. Il rêve de quelques projets emblématiques sur de nouveaux marchés, comme l'exploitation du métro de Buenos Aires en Argentine ou le futur TGV égyptien.
Face aux critiques suscitées par sa stratégie, Guillaume Pépy se veut rassurant. "Il n'est pas question de dépenser à l'international des bénéfices faits en France", assure-t-il, alors qu'on lui conseille souvent de mieux faire rouler ses propres trains au pays plutôt que de regarder ailleurs. "C'est un principe très exigeant", jure-t-il: "L'international doit payer sa croissance."