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Carlos Ghosn veut être jugé séparément de Nissan qui a "pris le parti des procureurs"

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- - Eric Piermont - AFP

L'ex-dirigeant a demandé à la justice japonaise que les procédures soient dissociées. La requête concerne aussi son ancien bras droit Greg Kelly.

L'avocat japonais de Carlos Ghosn a déposé mardi une requête écrite au tribunal de Tokyo afin que son client soit jugé séparément de Nissan, inculpé dans l'affaire mais virulent pourfendeur de son ancien patron.

"Nous pensons qu'avoir Carlos Ghosn et Nissan assis sur le même banc et jugés ensemble est une situation très particulière qui va à l'encontre d'un procès équitable", a déclaré Me Junichiro Hironaka lors d'une conférence de presse.

"Nissan a pris depuis le début le parti des procureurs"

L'avocat a dénoncé le rôle de Nissan, qui a lancé sa propre investigation interne à l'été 2018 après le signalement de lanceurs d'alerte. Le groupe a ensuite transmis les éléments au parquet dans le cadre d'une loi récente sur la négociation des peines, ce qui a débouché sur l'arrestation du magnat de l'automobile le 19 novembre à Tokyo.

"Nissan est, sur le papier, un accusé mais en réalité, il a pris depuis le début le parti des procureurs", a insisté Me Hironaka. "Ceci est extrêmement rare". Qu'il s'agisse de la sélection des pièces retenues ou des témoins, "il est donc très important d'avoir non seulement des procédures dissociées mais aussi des juges distincts", a insisté le défenseur de Carlos Ghosn.

La requête concerne aussi Greg Kelly, bras droit de Carlos Ghosn interpellé en même temps que lui, que l'avocat souhaiterait pouvoir citer comme témoin.

Carlos Ghosn devrait bientôt s'exprimer en public

Le dirigeant franco-libanais-brésilien de 65 ans est soupçonné d'avoir omis de déclarer une grande partie de ses revenus, entre 2010 et 2018, dans des documents de Nissan remis aux autorités boursières. Greg Kelly et le constructeur sont aussi inculpés sur ce même point.

Carlos Ghosn, en outre mis en examen pour abus de confiance, a été libéré le 6 mars en échange du paiement d'une caution d'un milliard de yens (environ 8 millions d'euros). Actuellement assigné à résidence dans la capitale japonaise, il nie toute malversation.

"Il va bien et réfléchit soigneusement à la déclaration qu'il veut faire, cela surviendra dans un futur proche", a promis l'avocat. "Parce que sa portée sera significative, il prend le temps de bien préparer" une conférence de presse très attendue.
Jean-Christophe Catalon avec AFP