Fraude fiscale: Gabriel Attal défend les amendes qui évitent des poursuites aux entreprises

"Un outil utile" permettant de récupérer "une partie très importante" de la fraude imputée à une entreprise: le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a défendu mercredi devant le Sénat l'intérêt des conventions judiciaires d'intérêt public (CJIP).
Créée par une loi de 2016, la CJIP permet aux entreprises soupçonnées de corruption, de trafic d'influence ou de fraude fiscale d'échapper aux poursuites pénales en versant une amende.
Ces dernières années, des poids lourds comme Airbus (2,1 milliards d'euros en 2020), Google (500 millions d'euros en 2021) ou McDonald's (1,25 milliard en juin 2022) sont ainsi passés à la caisse pour mettre un terme à des enquêtes judiciaires.
Les CJIP permettent à l'Etat de s'"assurer que les finances publiques recouvrent une partie très importante de la fraude" alléguée, a soutenu Gabriel Attal, interpellé par le sénateur communiste Eric Bocquet à l'occasion d'un débat au Sénat sur la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales.
"Je me demande toujours où est l'intérêt public dans ce dispositif", s'était interrogé quelques minutes plus tôt l'élu du Nord.
"Un outil utile à plusieurs titres"
"Les amendes récupérées ne représentent pas la totalité des sommes éludées et cette méthode de négociation laisse entendre au commun des mortels que la loi fiscale ne s'applique pas de la même manière selon que vous êtes puissant ou misérable", a argumenté Eric Bocquet.
"Quand vous rentrez dans une bataille judiciaire, on se bat parfois face à des grandes entreprises qui ont une armée juridique et (...) peuvent faire durer les choses", a répliqué Gabriel Attal.
"La succession d'audiences et d'appels peut aussi finir par faire baisser le montant que nous réussissons in fine à recouvrer", a-t-il ajouté.
En permettant de récupérer de l'argent, qui plus est rapidement, la CJIP est donc "un outil utile à plusieurs titres", a conclu le ministre des Comptes publics.
Fin octobre, une mission d'information du Sénat était allée globalement dans le même sens en soulignant que face à la "saturation de la justice", il convenait de "soutenir le déploiement des CJIP".