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EY abandonne son projet de scission, auquel s'opposait sa branche américaine

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EY voulait séparer son activité d'audit de celle de conseil pour pouvoir décrocher des contrats dans l'une ou l'autre de ces activités sans avoir à se soucier d'éventuels conflits d'intérêt.

Le géant de l'audit britannique EY, qui avait officialisé en septembre un plan de scission de son activité de conseil, a annoncé mardi l'abandon du projet en raison de l'opposition de sa branche américaine, mais garde l'idée d'une séparation en ligne de mire. "Le comité exécutif américain a décidé de ne pas poursuivre la conception" de ce plan baptisé "projet Everest" et, "compte tenu de l'importance stratégique" de la branche d'EY aux Etats-Unis pour le mener à bien, "nous arrêtons les travaux sur le projet", indique une note de la direction mondiale du groupe.

Ce projet de scission avait été approuvé en septembre par la direction d'EY. Mais le groupe devait encore demander le feu vert de ses milliers de partenaires associés. Il espérait à l'origine un vote entre fin 2022 et début 2023. EY voulait séparer son activité d'audit de celle de conseil pour pouvoir décrocher des contrats dans l'une ou l'autre de ces activités sans avoir à se soucier d'éventuels conflits d'intérêt.

"Un différend houleux sur la part des activités fiscales qui devrait rester du côté de l'audit du cabinet"

La direction mondiale du groupe "reste déterminée à aller de l'avant avec la création de deux organisations de classe mondiale qui font encore progresser la qualité de l'audit, l'indépendance et le choix des clients", a-t-elle affirmé dans sa note, signée notamment par le PDG d'EY Carmine Di Sibio. Mais les dirigeants reconnaissent que l'opération présente des défis pour "donner aux deux organisations les capacités dont elles ont besoin pour rivaliser efficacement sur le marché", et que le groupe "a besoin de plus de temps pour faire les investissements nécessaires pour préparer les entreprises à une séparation".

Des doutes sur la poursuite de l'opération avaient émergé début mars, alors que le Financial Times avait révélé que le projet avait été "mis en pause" en raison "d'un différend houleux sur la part de ses activités fiscales qui devrait rester du côté de l'audit du cabinet". EY avait simplement indiqué avoir engagé "un dialogue avec les plus importantes (composantes) nationales d'EY afin de déterminer la forme finale de la transaction", alors que les votes sur ce projet avaient été retardés à plusieurs reprises. "Nous avons toujours su que le projet Everest serait un voyage difficile; nous avons écouté les points de vue des partenaires à l'échelle mondiale alors que nous avancions dans cette voie", a ajouté le direction mardi.

"Dans l'immédiat, nous allons continuer à nous concentrer sur les clients, les personnes et les entreprises d'EY", poursuit la note.

Le secteur de l'audit est dans le collimateur du gouvernement britannique, pointé pour avoir échoué à voir venir des faillites emblématiques ces dernières années. Londres a précisé l'an dernier ses plans de réforme du secteur, mais le texte se fait attendre et si l'exécutif prévoit notamment de casser la domination des "Big Four", dont EY fait partie, il s'était attiré des critiques en revoyant son ambition à la baisse.

TT avec AFP