"Une tendance sociétale de fond": le nombre de particuliers qui produisent leur électricité a été multiplié par 10 en 5 ans

C'est sans doute le plus grand succès de la transition énergétique. Le nombre de Français qui produisent de l'électricité renouvelable - particuliers et entreprises - a atteint 1 million en cette année 2024. "C'est un record dont nous sommes très fiers, s'est ainsi félicité Marianne Laigneau, présidente du directoire d'Enedis mercredi sur BFM Business. C'est 10 fois plus qu'il y a cinq ans. Nous avons raccordé 5 gigawatts d'électricité cette année, un nouveau record (c'était 2,2 gigawatts en 2019 avant le Covid). Ça montre la formidable accélération de ce développement."
Le rythme de raccordement ne cesse d'ailleurs d'accélérer. Il atteint désormais les 300.000 par an, ce qui devrait permettre de doubler ce nombre de 1 million dans les trois années à venir. Un engouement qui est principalement le fait des panneaux photovoltaïques qui fleurissent sur les toits des maisons et des entreprises.
"Aujourd'hui, le solaire a dépassé l'éolien, confirme Marianne Laigneau. Sur les 46 gigawatts qui sont raccordés, c'est 19 pour le solaire. 90 à 100% des nouvelles usines sont équipés systématiquement de panneaux solaires sur leur toit."
Des équipements qui sont désormais majoritairement utilisés pour l'autoconsommation. Sur le million de producteurs d'électricité que compte le pays, 600.000 la consomment eux-mêmes contre seulement quelques milliers avant la période du Covid. "Ils sont localisés à 60% dans des communes de moins de 2000 habitants. C'est aussi un phénomène de la ruralité voire de l'hyper ruralité", constate la patronne d'Enedis.
De 2 à 18 millions de véhicules
Un accroissement de la production électrique dont la France aura bien besoin dans les années à venir. Enedis a publié une étude prospective sur l'évolution de la demande jusqu'en 2035. Cette année-là (qui sera notamment celle de l'interdiction de la vente des véhicules thermiques), la consommation d'électricité aura progressé de 15% par rapport à l'année référence de 2019.
"Le premier secteur qui va tirer la demande c'est la mobilité et en particulier les véhicules électriques, indique Marianne Laigneau. Aujourd'hui il y a 2 millions de voitures électriques et hybrides rechargeables en circulation, l'estimation à 2035 c'est 18 millions de véhicules."
Concrètement, la consommation électrique totale pour la mobilité va passer de l'équivalent de celle du département des Landes à la moitié de celle de l'ensemble de l'Île-de-France d'ici 2035.
96 milliards d'euros d'investissements
Ce qui demandera de très lourds investissements. Enedis chiffre à 96 milliards d'euros les investissements totaux prévus dans le réseau d'ici à 2040. Pour raccorder les particuliers et les entreprises mais aussi pour rendre le réseau plus résilient face à la multiplication des aléas climatiques. Des montants qui seront financés en grande partie par les consommateurs finaux d'électricité.
"On fait des efforts de productivité avec l'aide de l'IA pour optimiser ces processus industriels, précise toutefois la patronne d'Enedis. Ce qui finance les investissements du réseau, c'est aujourd'hui 22% de la facture d'un ménage français et c'était 30% il y a quelques années."
Alors que les factures d'éléctricité sont attendues à la baisse au 1er février 2025, Enedis souhaite remonter sa part dans le prix total pour financer l'investissement dans son réseau.
