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Sobriété énergétique: les Français sont-ils prêts à mettre le turbo?

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Un sondage commandé par RTE montre à quel point les arguments écologiques pèsent peu dans les changements de comportement des Français.

Cet hiver placé sous la signe d'une guerre bouleversant le marché des hydrocarbures a bien permis de réduire notre consommattion d'énergie, comme d'ailleurs les confinements imposés par l'épidémie de Covid. Mais la sobriété énergétique dont ont fait preuve les Français en raisons de circonstances exceptionnelles peut-elle devenir la règle et, surtout, s'amplifier pour répondre au défi du réchauffement climatique?

A regarder de près leurs réponses à une vaste enquête réalisée par l’institut Ipsos auprès de 11.000 Français pour le compte de RTE, on peut raisonnablement en douter. Que nous apprend ce sondage? D’abord que 68% des automobilistes assurent avoir fait réduit leurs déplacements en voiture, mais qu’ils ne sont plus qu’un tiers à envisager de faire plus d’efforts sur ce plan.

L'immense majorité des automobilistes pas prêts à se passer de leur voiture

Le potentiel de réduction des kilomètres parcourus en voiture apparaît donc limité. Et surtout, quand on demande aux automobilistes ce qui pourrait les amener à prendre davantage les transports en commun, la mesure arrivant en tête est la gratuité. Instauré dans une poignée de villes françaises dont récemment Montpellier, ce principe apparaît séduisant mais un rapport récent démontre assez bien qu'il n'a aucune chance de s'imposer un jour dans les très grandes métropoles.

Par ailleurs, les Français restent très attachés à la liberté que leur garantit la voiture. Quand on demande aux automobilistes s’ils pourraient renoncer à leur véhicule, ils sont une majorité écrasante à répondre par la négative. 45% des personnes interrogées juge que ce serait impossible, 35% que ce serait très compliqué et 17% assez compliqué. Dit autrement, réduire son bilan carbone en passant à la voiture partagée, très peu pour eux.

Des économies de chauffage avant tout imposées par l'inflation

Du côté de la sobriété énergétique dans leur logement, il y a eu un vrai effort réalisé cet hiver sur la température. Les fournisseurs d’énergie l’ont constaté, la part des Français qui ont limité cet hiver à 19°c le chauffage dans leur logement a augmenté. Ainsi, toujours selon ce sondage, la moyenne est passée de presque 19,9° à 19,3°C.

Mais les appels à la sobriété du gouvernement n'y sont pas pour grand-chose. La principale raison ayant conduit les Français réduire la température dans leur logement a été... l’inflation. On a moins chauffé nos intérieurs cet hiver pour réduire le coût des factures d’électricité et pour éviter de se serrer encore plus la ceinture pour les courses du quotidien. Le civisme -"éviter les coupures"- tout comme la lutte contre le réchauffement climatique arrivent loin derrière l’argument financier. Ce qui évidemment pose question pour l’avenir.

Le partage d'espaces communs avec ses voisins séduit peu de Français

Faire un effort pour la planète n’apparaît donc toujours pas comme une motivation suffisante aux yeux de la majorité des Français. En matière de logement, ils préfèrent toujours vivre dans une maison plutôt que dans un appartement. Et peu nombreux sont ceux qui accepteraient de déménager dans un logement plus petit et donc plus facile chauffer.

La notion même de partage d’espaces communs avec ses voisins séduit relativement peu de monde. Une large majorité préfère pouvoir bricoler chez eux, prendre le soleil dans leur jardin. Trois Français sur quatre n'adhèrent même pas à la simple idée de gagner de la place chez soi en éliminant la machine à laver, le sèche-linge et l'espace pour étendre le linge grâce grâce à une buanderie commune (pratique courante dans d’autres pays). Nous sommes à la fois un peuple très attaché à l’égalité mais qui aussi particulièrement individualistes.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco