La consommation électrique cesse de baisser et devrait repartir à la hausse

La consommation française d'électricité est arrivée au bout de son ralentissement. C'est le principal enseignement du dernier rapport du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE). En 2024, la consommation électrique est toujours en retrait d'environ 6% par rapport à la moyenne des années 2014-2019, période avant-Covid et avant-crise énergétique de référence. En revanche, elle se situe à un niveau similaire à l'année 2023 sur la même période.
"Nous avons de premiers éléments permettant d'indiquer que la consommation aurait atteint un palier à partir duquel elle pourrait s'infléchir à la hausse dans les prochaines années", indique Thomas Veyrenc, directeur général Économie, stratégie et finances et membre du directoire de RTE.
Parmi ces éléments figurent le reflux des prix de marché, mais aussi "des projets industriels qui ont sécurisé leur accès au réseau". En revanche, le délai de concrétisation de ces projets incite le gestionnaire à rester prudent quant à l'horizon et l'ampleur de ce rebond.
Une production hydraulique particulièrement élevée
En matière de production, la situation du parc nucléaire à l'approche de l'hiver est bien meilleure que lors des deux dernières années avec une puissance disponible de 47 GW début novembre, soit 9 GW de plus que l'année dernière et même 15 GW de plus qu'en 2022, en pleine crise de la corrosion sous contrainte. RTE prévoit ainsi une disponibilité de l'ordre de 50 GW en janvier 2025, un niveau inférieur à la moyenne des années 2010 qui se situait autour des 55 GW mais supérieur à celle des années plus récentes.
Autre levier de production électrique, le poste hydraulique est également dans une situation optimale. Après avoir observé en 2022 le pire niveau de production hydraulique annuelle depuis 1976, le niveau de 2024 se situe actuellement à 62 TWh, ce qui représente une hausse de 40% sur les dix premiers mois par rapport à 2023. Sur l'ensemble de l'année, il pourrait s'approcher du record des 15 dernières années à savoir 75 TWh en 2013. Les réserves d'eau sont déjà à leur plus haut niveau depuis 2015 grâce aux importantes précipitations des derniers mois. En ce qui concerne les énergies renouvelables, elles conservent un rythme de développement soutenu en 2024 avec une hausse d'un GW de la puissance installée de l'éolien et même de 4 GW pour le solaire.
Risque "faible" sur la sécurité d'approvisionnement
Après avoir été pour la première fois depuis 1980 importatrice d'électricité en 2022, la France est redevenue exportatrice en 2023 et elle le restera largement en 2024. "Nous pouvons confirmer que le record d'exports nets de 2002 est déjà atteint et nous arriverons en fin d'année à un solde de l'ordre de 80-85 TWh, indique Thomas Veyrenc. Ca se comptera en milliards d'euros pour la balance commerciale française car ces exports ne se font pas uniquement quand les prix sont faibles même si c'est très loin de compenser les importations d'énergies fossiles."
"La croissance des énergies renouvelables se matérialise chaque année, rappelle le représentant de RTE. Donc dès lors que le parc nucléaire remonte sa production, on voit que la France peut produire beaucoup d'électricité bas carbone qui est compétitive sur les marchés européens et a donc tendance à être appelée."
L'ensemble de ces facteurs permet au gestionnaire du réseau de transport d'électricité de juger "faible" le risque en matière de sécurité d'approvisionnement, y compris en cas de vague de froid.
"Il faudrait une situation exceptionnelle qui cumulerait vague de froid, vents très faibles, indisponibilité du parc nucléaire plus importante que prévue et capacités d'importation limitées pour des raisons géopolitiques pour que la sécurité d'approvisionnement soit sous tension", explique Jean-Paul Roubin, directeur exécutif Clients et opération du système électrique selon qui le dispositif d'alerte EcoWatt "devrait rester au vert pendant tout l'hiver."