Une video nargue l'Europe et lui promet le froid et l'obscurité

Une raffinerie du géant russe Gazprom près de Moscou, le 28 avril 2022 - Natalia KOLESNIKOVA / AFP
Dans une vidéo de deux minutes, on voit un technicien du gazoduc Nord Stream 1 marcher lentement pour couper le gaz vers l'Europe qui peu à peu connaitra le froid, la faim et l'obscurité.
Cette vidéo de 2 minutes a pour bande-son un chant russe mélancolique, presque lugubre. On voit s'éteindre les gazinières, les rues de plusieurs capitales européennes se vider, des panneaux solaires et des centrales hydrauliques peinant à produire et le drapeau européen s'agiter sous un vent qu'on devine glacial.
Contrairement à ce que nous indiquions dans une première version de cet article, elle ne provient pas de Gazprom, mais a été revendiquée par un journaliste russe, indique la cellule de vérification de France24.
La France prudente, l'Europe inquiète
Cette vidéo a été publié dans un contexte de tension entre le russe Gazprom et l'Europe. Il a annoncé vendredi que le Nord Stream qui alimente l'Europe et qui devait reprendre du service ce samedi après une interruption de trois jours pour des opérations de maintenance, serait finalement "complètement" arrêté. Motif, la réparation d'une turbine, sans préciser de date de reprise.
L'allemand Siemens, qui assure la maintenance des turbines de Nord Stream 1, a été écarté de la décision et estime que la fuite ne justifie pas l'arrêt du gazoduc. Le gazier russe a aussi coupé les livraisons à Engie le 1er septembre prenant pour prétexte des factures impayées.
La France est prudente, mais pas inquiète. Ses stocks de gaz sont remplis à 91 %, donnant deux mois d'avance sur le rythme traditionnel. Mais pour d'autres pays d'Europe, la crainte d'affronter l'hiver sans chauffage ou presque est vive. Les stocks européens ne sont remplis qu'à 80 % en moyenne, contre 82% habituellement quand tout va bien.
Lors d'une conférence, Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'Economie, a pourtant assuré que l'Union européenne s'est "préparée" à une coupure totale. Les pays touchés adoptent déjà des mesures d'économie d'énergie et appellent déjà la population et les entreprises à adopter des mesures de sobriété.
"Nous sommes bien préparés à résister à l’utilisation extrême de l’arme du gaz par la Russie. Nous n'avons pas peur des décisions de Poutine, nous demandons aux Russes de respecter les contrats, mais s'ils ne le font pas, nous sommes prêts à réagir", a-t-il déclaré lors du forum économique organisé par The European House - Ambrosetti à Cernobbio en Italie.
La Russie brûle les excédents de gaz
Et, pour accentuer la pression, la Russie brûlerait ouvertement les excédents de gaz. En coupant les livraisons à l'Europe, elle se trouve avec un surplus qu'elle ne peut stocker, ni vendre à d'autres par manque d'infrastructures. Le commissaire européen à l'énergie, Kadri Simon, a confirmé cette information que la BBC avait révélé à la fin du mois d'août.
"Nos satellites détectent des fuites de méthane, ou des usines procédant au brûlage de ce gaz naturel, ce qui est très polluant", explique Kadri Simon en précisant que la Russie "ne dispose pas de connexions à des pipelines pour le vendre à d'autres régions du monde".
Selon des experts, Gazprom brule chaque jour près de 4,34 millions de mètres cubes de gaz naturel près de la frontière russe avec la Finlande libérant dans l’atmosphère 9000 tonnes de CO2 par jour. Une flamme de grande envergure est visible depuis la Finlande a d'ailleurs été filmée par la télévision publique du pays YLE.
