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Electricité: comment la France compte accélérer le développement de l'éolien offshore

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Emmanuel Macron participe lundi au deuxième sommet de la Mer du Nord aux côtés de neuf autres chefs d'Etat et de gouvernement. Il y sera question du développement de l'éolien offshore, secteur où la France nourrit d'importantes ambitions pour rattraper son retard.

Affirmer la future place de la France parmi les principales nations en matière d'éolien offshore. C'est l'enjeu de la participation d'Emmanuel Macron au second sommet de la Mer du Nord qui a lieu ce lundi, en compagnie de neuf chefs d'Etat et de gouvernement.

Et pour cause, l'Hexagone accuse du retard comme le résumait Emmanuel Rollin sur le plateau de BFM Business lundi matin. "Au 0,5 gigawatts (GW) d’éolien installé en France, on peut comparer les 14 GW installés au Royaume-Uni, qui a démarré bien avant nous", indique le directeur général d'Iberdrola France.

De fait, plus de 95% de la production d'électricité en mer se partage entre cinq pays dans le monde. Derrière le leader chinois, les quatre autres sont européens avec donc le Royaume-Uni, suivi par l'Allemagne et ses 8 gigawatts et le Danemark, pionnier en la matière, qui tire 20% de son électricité de l'éolien en mer.

Objectif 40 gigawatts en 2050 pour la France

Comme l'a récemment démontré la loi d'accélération sur les énergies renouvelables, la France mise beaucoup sur le développement des éoliennes offshore et devrait multiplier sa capacité de production par quatre d'ici la fin de l'année. Après l'inauguration du premier champ d'éolienne en mer relié au réseau électrique à Saint-Nazaire il y a quelques mois, d'autres sites sont actuellement en construction à Saint-Brieuc, Fécamp et Courseulles-sur-Mer. Lors de son désormais célèbre discours de Belfort, Emmanuel Macron avait fixé l'objectif de 40 GW produits d'ici à 2050.

"Il faut que 2 GW par an de lauréats soient désignés donc environ quatre projets de Saint-Brieuc chaque année, souligne Emmanuel Rollin. Sur le dernier appel d’offres en Normandie, la procédure a duré deux ans avant de définir le lauréat."

De nombreux projets sont donc dans les tuyaux sur tout le pourtour maritime comme à Dunkerque ou en mer Méditerranée. "La loi d’accélération sur les énergies renouvelables est positive sur l’éolien offshore car elle lance la programmation et on a absolument besoin de visibilité, estime le directeur général d'Iberdrola France. On a besoin de savoir où et quand il y aura des appels d’offres. On est un marché de volumes, il faut donner de la sécurité aux investisseurs industriels ou aux développeurs."

L'Europe se fixe de grandes ambitions sur l'éolien

L'enjeu est de taille pour la France mais aussi pour l'Europe plus globalement. A l'échelle du continent, l'accélération dans l'éolien offshore doit permettre d'atteindre 60 gigawatts produits en 2030 et 300 gigawatts d'ici à 2050. Un objectif comparable à la production de 250 réacteurs nucléaires et qui ferait de l'éolien offshore la principale source d'énergie renouvelable devant l'hydraulique et le solaire.

Une grande partie de cette électricité décarbonée servira à produire de l'hydrogène vert afin d'alimenter les usines ou encore de fabriquer des carburants de synthèse pour l'aéronautique d'où la nécessité d'en avoir des quantités conséquentes. Encore faut-il que l'industrie suive le rythme. "Dans l’éolien en mer, il y a aussi des pertes pour les installateurs et un manque de bateaux : il y a un besoin d’investissement dans les installations portuaires", insiste Emmanuel Rollin.

"Aujourd’hui, la capacité de la chaîne industrielle est encore trop faible puisqu’elle permet de produire 7 GW par an. Sur la période 2025-2030, on a besoin de passer à 20 GW pour tenir ces objectifs."

Lors de ce sommet de la Mer du Nord, il sera aussi question de l'éolien flottant, une technologie encore peu mature mais qui doit permettre l'installation de champs beaucoup plus denses et nombreux et aussi loin des côtes, c'est-à-dire dans les zones où il n'est pas envisageable de construire des éoliennes offshores classiques avec des fondations. Par ailleurs, il y a sujet d'approvisionnement puisque les aimants des éoliennes sont composés de néodium, un matériau rare qui est souvent importé depuis la Chine.

Timothée Talbi