Comment ont évolué les factures d'énergie des Français depuis un an

Une flambée… théorique. Depuis un an, les prix de l'énergie ont fortement augmenté, sans qu'ils soient encore totalement répercutés sur la facture des consommateurs. Grâce au bouclier tarifaire, les hausses promises restent lettre morte.
Il faut dire que les Français ont été plutôt épargnés ces dernières années sur le plan de l'énergie.
Grâce à son parc nucléaire, la France évite les grosses baisses de tension, permettant d'offrir aux particuliers un tarif règlementé relativement stable. Ainsi, le kWh du Tarif Bleu EDF s'affichait à 0,12 centime à l'été 2017 et n'a augmenté que de deux centimes en un an (0,14 centime en 2018). De la même façon, il est passé 0,15 centime l'été 2021 avant d'être finalement fixé à 0,17 centime en février dernier, signe de l'agitation du marché européen de l'électricité.
Les causes sont connues: une forte demande début 2021 avec la relance économique, couplée à un faible rendement des énergies renouvelables l'été suivant et les déboires du parc nucléaire français ont tiré les prix vers le haut.
Inflation modeste
En réalité, les prix auraient pu largement dérapér si l'exécutif n'avait pas décidé leur blocage à +4%. La Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui propose les évolutions du tarif règlementé en fonction des prix du marché, avait ainsi annoncé une hausse de 35,4% du tarif.
Du côté du gaz, la facture s'annonçait aussi salée. Là encore, la demande a explosé en 2021 avec la relance économique alors que les prémices de la guerre en Ukraine entrainaient déjà des réductions de livraison russe. L'offensive de Moscou, grand pourvoyeur de gaz en Europe, a fait grimper le cours à des niveaux historiques.
Sans le bouclier tarifaire, qui a bloqué les prix – déjà hauts - au 1er octobre 2021, les tarifs réglementés auraient bondi de 48%, prévient la CRE.
Le bouclier permet aux Français de faire partie des mieux lotis en Europe concernant l'inflation (5,8% en mai sur un an contre 20% en Estonie, 8,5% en Espagne ou encore 8,7 % en Allemagne).
Lisser les hausses
Pour le gouvernement, le pari est donc d'espérer une baisse des prix de l'énergie pour lisser dans le temps les augmentations non répercutées sur le consommateur. Difficile, en revanche, de savoir comment évolueront les prix de l'électricité ou du gaz dans l'avenir.
La guerre en Ukraine, si elle dure, aura un impact durable sur le prix du gaz. Dans tous les cas, les Etats européens ne veulent plus dépendre du gaz de Moscou et privilégient le gaz naturel liquéfié (GNL) venu du Qatar ou des Etats-Unis, forcément plus cher.
Concernant l'électricité, le parc nucléaire français a montré ses faiblesses et son renouvellement prendra a minima une décennie. Quant aux énergies renouvelables, elles impliquent de changer le réseau électrique français. Des travaux titanesques et très coûteux… que les Français devront bien payer.