Circuit ouvert ou circuit fermé: pourquoi certaines centrales nucléaires doivent s'arrêter quand il fait trop chaud (et pas les autres)

Une centrale nucléaire. (Image d'illustration) - dr
"En raison des prévisions de températures élevées du Rhône, des restrictions de production sont susceptibles d'affecter le parc de production nucléaire d'EDF", a fait savoir le groupe électricien français dans un message d'information, lundi 23 juin. Au total, 14 centrales situées sont potentiellement concernées.
Certaines centrales nucléaire EDF, particulièrement celles de Bugey et Saint-Alban, refoidies par le Rhône, pourraient être significativement impactées dans leur fonctionnement par les fortes chaleurs cet été, alors que les départements du Rhône et de l'Isère sont placés en vigilance orange "canicule" par Météo-France depuis dimanche.
Des seuils d'échauffement et de débit pour protéger la faune et la flore
La France compte 56 réacteurs dont 30 sont en circuit fermé et 26 en circuit ouvert. Les premières captent très peu d'eau (2 m3 par seconde qu'elles rejettent majoritairement dans l'atmosphère sous forme de vapeur). Les secondes ont besoin de beaucoup plus d'eau (40 à 50 m3 captés par seconde) qu'elles rejettent intégralement dans les cours d'eau.
Ce sont les centrales nucléaires fonctionnant en "circuit ouvert" qui sont les premières concernées en cas de canicule (Tricastin, Blayais, Saint-Alban, réacteurs n°2 et n°3 du Bugey, Fessenheim avant sa fermeture).
Les centrales nucléaires pompent l'eau des rivières adjacentes (ou en mer, le cas échéant) pour leur refroidissement avant de la rejeter plus chaude. La température de cette eau rejetée est encadrée par des seuils d'échauffement et de débit des cours d'eau à ne pas dépasser. Ces seuils sont propres à chaque centrale et visent à protéger la faune et la flore.
Lorsque le seuil d'échauffement ou de débit d'une rivière utilisée par une centrale nucléaire pour son refroidissement sort des seuils fixés, il n'est plus possible de prélever et de rejeter de l'eau dans cette rivière pour le refroidissement de la centrale.
Une baisse de la production habituelle et sans risques
Depuis plusieurs années, dans un contexte de réchauffement climatique, EDF est contraint presque chaque été de baisser la production de plusieurs de ses centrales afin de respecter les seuils réglementaires.
Par exemple, à l'aval de la centrale de Saint-Alban (Isère), la température de l'eau du Rhône ne doit pas dépasser 28°C en été, ce qui avait contraint EDF à mettre à l'arrêt les deux réacteurs à l'été 2018 lors de fortes chaleurs.
Toutefois, cette baisse de la production ne fait pas craindre de pénurie d'électricité. "L'été est une période où la consommation est basse et les volumes concernés sont faibles", rassure Nicolas Goldberg, consultant expert en électricité, contacté par BFM Business. Ce dernier rappelle par ailleurs que "la France est actuellement surcapacitaire en production électrique" et ne court donc "aucun risque" de coupures.
Selon EDF, depuis 2000, les pertes de production nucléaire pour des causes environnementales (température élevée et faible débit des fleuves) ont représenté en moyenne 0,3% de la production annuelle du parc nucléaire.