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Carburants: un retour à la normale la semaine prochaine est-il vraiment possible?

Emmanuel Macron a estimé mercredi dernier que la distribution de carburants dans les stations-service reviendrait à la normale "dans le courant de la semaine qui vient". Une prédiction qui surprend encore les acteurs du secteur, ce week-end.

Scénario crédible ou simple volonté de rassurer? Interrogé chez nos confrères de France 2 sur les pénuries de carburants, Emmanuel Macron a assuré mercredi que l'approvisionnement des stations-service allait retrouver un rythme normal "dans le courant de la semaine qui vient".

Pourtant, si la grève a été levée sur les deux sites Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme et Fos-sur-Mer, elle se poursuivait toujours ce week-end dans les dépôts et raffineries TotalEnergies de Flandres, Donges, Gonfreville, Feyzin et La Mède. Et malgré les décisions du gouvernement de réquisitionner des personnels et de "libérer les stocks stratégiques pour soulager les stations-service", plus de 27% d'entre elles rencontraient encore des difficultés d'approvisionnement au niveau national samedi.

A Matignon, on estime que le retour à la normale une fois la grève levée dépendra "des installations". "On a une à deux semaines pour qu'une raffinerie refonctionne normalement. Pour le déblocage des dépôts, c'est rapide puisqu'il y a du produit qui est dans ces dépôts, il suffit de l'acheminer. (...) Il peut y avoir des premiers effets sous quelques jours. Et ensuite, pour que la logistique au global se rétablisse, on parle d'un ordre de grandeur d'une semaine environ pour un retour à la normale," indique-t-on du côté de la rue de Varenne.

Un retour à la normale la semaine prochaine "est impossible"

Pour les représentants des salariés, les prévisions d'Emmanuel Macron sur la possibilité d'un retour à la normale la semaine prochaine semblent plus qu'optimistes: "Je ne savais pas que le gouvernement était PDG des entreprises de la pétrochimie. Je le découvre", a ironisé sur BFMTV Vincent Gautheron, membre de la commission exécutive confédérale de la CGT.

Selon lui, il faudrait déjà savoir quand la grève prendra fin pour faire une prédiction crédible. Or, "même moi je ne peux pas le savoir. Ce n'est pas moi qui décide (...). Ce sont les salariés sur le terrain", a-t-il dit. En outre, "même si le mouvement de grève s'arrêtait lundi, je ne pense pas que vous pouvez refaire fonctionner les installations du jour au lendemain. Il y a un peu de procédures de sécurité le temps d'organiser les livraisons. Donc, dire que la semaine prochaine tout est réglé, je pense que c'est rajouter de l'huile sur le feu en termes de mécontentement de la population", a ajouté Vincent Gautheron.

Même constat du côté de Francis Pousse, président de la branche station-service et énergies nouvelles du syndicat professionel Mobilians: "C'est impossible qu'un retour à la normale (...) arrive la semaine prochaine, tout simplement parce qu'une raffinerie, c'est cinq à dix jours pour redémarrer". Et si "certains stocks" des principaux dépôts sont "accessibles actuellement", encore faut-il pouvoir alimenter ensuite les "200 dépôts" du pays.

Ce qui est loin d'être gagné: "Certains (dépôts) sont alimentés par des camions qui nous manquent en ce moment. Certains sont alimentés par train mais je pense que mardi (jour d'appel à une grève interprofesionnelle, NDLR), il n’y aura pas beaucoup de trains à rouler. Et après, il faut alimenter les 11.000 stations-service de France", a rappelé Francis Pousse, qui ne s'attend pas à un retour à la normale avant "15 à 20 jours" au mieux. "Et quand on dit 'à la normale', ce sont des stations approvisionnées normalement avec, surtout ,une logistique qui a repris son cours".

"Deux à trois semaines" pour le retour à la normale chez Esso

Chez Esso-ExxonMobil où la grève a été levée cette semaine, le retour "à une situation de marche normale" dans les deux raffineries dont la production a été perturbée prendra "deux à trois semaines", a fait savoir le groupe vendredi dans un communiqué.

"Les unités des deux raffineries d'Esso Raffinage seront progressivement redémarrées selon les protocoles de sécurité nécessaires et de façon à minimiser les nuisances", ajoute Esso, précisant que les volumes de ventes sur septembre ont baissé "de 25 % par rapport à août".
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco