Des "signaux rassurants": le nombre de défaillances d'entreprises poursuit sa décrue au 3e trimestre

13.429 défaillances d'entreprises ont été comptabilisées* au troisième trimestre 2024, indique ce mardi le cabinet Altares. Si la hausse est de 20% sur un an, le niveau de défaillances baisse depuis plusieurs mois, il était de 16.400 au deuxième trimestre par exemple.
"Différents signaux rassurants se dessinent avec le retour d’activités B2C vers du mieux, notamment pour le commerce de détail et les services à la personne, et avec la résistance de la construction dans un contexte économique pourtant si difficile", analyse Altares.
Pour autant, "le principal signal d’alarme concerne la situation des PME de plus de 50 salariés dont les ouvertures de procédures bondissent de 47%, entraînant de lourdes conséquences sur le front de l’emploi (52.000 emplois menacés)", nuance le cabinet.
Dans le détail, au troisième trimestre, "la France remonte à sa sinistralité des étés 2013 à 2015, un peu sous le plafond des 14.000 défauts", peut-on lire.
Les entreprises de moins de 5 salariés les plus touchées
Le nombre de sauvegardes augmente peu (+4,7%), restant sous les 300 procédures et concentre toujours à peine plus de 2% de l’ensemble des procédures.
Les redressements judiciaires sont en hausse encore rapide de 34,5% pour 3.816 jugements prononcés, soit plus de 28% des décisions.
La hausse des jugements de liquidation judiciaire est de 15,6%. 9.322 liquidations directes ont été prononcées (70% des procédures).
Comme souvent, ce sont les plus petites entreprises qui souffrent le plus, 86% des défaillances concernent des TPE de moins de 5 salariés. A 11.600, c'est 20% de plus qu'il y a un an.
86% des entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés et donnent donc le ton de la tendance globale. Près de 11.600 très petites structures sont entrées en défaillance, un nombre en augmentation de 20% par rapport au 3e trimestre 2023. Quasiment les trois quarts d’entre-elles ont fait l’objet d’une liquidation directe.
Les PME de moins de cinquante salariés résistent davantage. 970 procédures ont été ouvertes, un nombre en hausse de "seulement" 13%. Pour ces entreprises, la poursuite d’activité est privilégiée ; moins d’une société sur deux (45%) est directement liquidée.
"Au-delà de cinquante salariés, en revanche, la situation reste tendue. 106 PME-ETI sont entrées en défaillance, c’est 47% de plus sur un an", souligne l'étude.
Côté activité, le paysage semble plus favorable dans le commerce de détail et les services à la personne.
Du mieux dans l'habillement
"De façon plus générale, l’ensemble du commerce de détail alimentaire s’inscrit dans une amélioration de -7% (à 263)", détaille Altares. La décélération, moins forte, s’opère également dans la restauration. Les défaillances dans la restauration à table augmentent de 19% à 744), le rythme reste plus soutenu dans la restauration rapide (+26% à 669).
Le commerce de détail d’habillement, pourtant toujours frappé par de nombreuses procédures, reste dans le rouge mais lui aussi retrouve des tendances "moins douloureuses" et fait mieux que la moyenne globale (+16% à 240).
Dans l’industrie manufacturière, l’augmentation des défaillances ralentit (+14% à 522).
Dans la construction, si la sinistralité ne s’emballe pas, elle reste forte avec 3.359 défaillances, soit 26% de plus qu’il y a un an, notamment dans la promotion immobilière.
Au global, "à fin septembre, sur 12 mois glissés, le nombre de défaillances d’entreprises établit un record à 66.000, dont un peu plus de 64.000 cessations de paiement. Bien que le chiffre impressionne, notre pays affiche encore un solde positif par rapport à sa moyenne long terme puisque la moyenne des cinq dernières années, post Covid, se situera fin 2024 aux environs de 45.500 défaillances", commente Thierry Millon, directeur des études Altares.
"Si un mur des faillites au-delà de 70.000 reste toujours évidemment exclu, il semble difficile de redescendre sous le plafond actuel dans les prochaines semaines", poursuit-il.
Une situation loin d'être critique
La situation est donc loin d'être critique, surtout si on l'observe sur le temps long. Si l'on compile les données Altares entre d'une part 2016 et 2019 (période particulièrement faste) et d'autre part entre 2020 et 2023, ce sont exactement 219.648 entreprises qui ont été placées soit en redressement soit en liquidation judiciaire, contre 160.784.
Si on y ajoute l'année en cours et en partant de l'hypothèse qu'il y pourrait y avoir 66.000 défaillances en 2024, on arrive à 227.000 disparitions d'entreprises sur cinq années complètes, soit à peu près autant que sur les quatre années qui précèdent le Covid.
*Les statistiques Altares de défaillances d’entreprises comptabilisent l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro SIREN (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations) et ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure prononcé par un Tribunal de Commerce ou Judiciaire (ex TGI - TI).