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Demande d'aide, saisies sur salaire: les entreprises constatent les effets de l'inflation sur leurs salariés

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Les employeurs ont finalement assez peu de solutions pour aider dans l'urgence des salariés étranglés par la hausse des prix.

Si les Français sont parvenus à encaisser jusqu'à aujourd'hui une inflation galopante, la situation se tend de plus en plus. En attendant les mesures du gouvernement, la hausse des prix du carburant et des produits alimentaires mettent à mal leurs budgets au quotidien.

Au point, dans certains cas, de ne plus pouvoir payer les factures courantes. Une situation confirmée par Stéphanie Pauzat, vice-présidente déléguée de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) sur le plateau de BFMTV ce mercredi.

"On voit les saisies-arrêts monter dans nos entreprises. On reçoit des saisies sur salaire de nos collaborateurs parce qu'ils n'arrivent plus à payer tout ce qu'ils ont à payer dans le mois. L'administration saisit leurs salaires de plus en plus", explique-t-elle.

Les demandes d'accompte sur salaire souvent refusées

Rappelons que la saisie des rémunérations ou saisie sur salaire permet à un créancier de récupérer les sommes dues grâce à l'intermédiaire de l'employeur qui procède à une retenue sur la fraction saisissable du salaire de son employé. En conséquence, le salarié ne reçoit qu'une partie de son salaire.

Seule une fraction du revenu saisissable peut être retenue par l'employeur. La fraction saisissable est calculée sur le montant des rémunérations nettes annuelles (hors remboursements de frais et allocations pour charge de famille) des 12 mois qui précèdent la notification de la saisie selon un barème. Cette fraction insaisissable a d'ailleurs été augmentée au 1er avril 2022.

Par ailleurs, "on a des demandes régulières d'aide au sein des entreprises pour les accompagner", poursuit Stéphanie Pauzat.

Reste que la marge de manoeuvre des entreprises pour répondre à l'urgence est limitée. Outre les hausses de salaires généralisées qui donnent lieu à de longues négociations, elle peut accorder un accompte sur salaire, une pratique qui peut soulager les ménages les plus fragiles compte tenu de la situation.

"Le paiement de la rémunération est effectué une fois par mois. Un acompte correspondant, pour une quinzaine, à la moitié de la rémunération mensuelle, est versé au salarié qui en fait la demande", détaille en effet l'article L3242-1 du Code du travail. Pour autant, peu de salariés connaissent cette possibilité.

Sauf que les entreprises ont le droit de refuser ces demandes. "80% des acomptes demandés par les salariés sont refusés, les entreprises craignent de ne pas pouvoir gérer un flux important de demandes alors que c'est un système qui existe depuis des années aux États-Unis, et qui fonctionne jusque dans les hôpitaux et l’éducation nationale", expliquait à L'Usine Digitale Arbia Smiti, la fondatrice de la start-up Rosaly qui justement se positionne sur ce terrain.

Les Français veulent être payés en plusieurs fois

Dans le même temps, faire une telle demande place le salarié dans une position délicate. Dans un sondage, 34% des interrogés disaient avoir peur de parler de leurs difficultés financières à leur employeur...

Face à ce pic inflationniste, beaucoup de salariés aimerait plutôt que le fractionnement du salaire soit la norme à travers le paiement du salaire en deux fois (voire de manière hebdomadaire), comme cela se fait dans les pays anglo-saxons.

Selon une étude récente, la perspective d’un salaire hebdomadaire recueille 27% d’avis favorables et celle d’un versement de revenu deux fois par mois 39%, avec des pointes à 55% chez les 25-34 ans et 61% chez les 18-24 ans.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business