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Défense

Londres, Tokyo et Rome lancent une coentreprise pour leur futur avion de combat

Le démonstrateur en vol, un pré-prototype permettant de tester et valider les technologies envisagées pour l'avion, doit être en vol en 2027.

Le démonstrateur en vol, un pré-prototype permettant de tester et valider les technologies envisagées pour l'avion, doit être en vol en 2027. - JUSTIN TALLIS

Ce futur avion de combat supersonique est attendu en 2035. Ce programme vient directement concurrencer le projet Scaf, porté par l'Allemagne, l'Espagne et la France.

Le Royaume-Uni, l'Italie et le Japon ont scellé vendredi l'avenir de leur futur avion de combat supersonique, attendu en 2035, avec la création d'une coentreprise dédiée à sa conception, dans le cadre d'un programme commun baptisé GCAP (Global Combat Air Programme).

Le britannique BAE Systems, l'italien Leonardo et le japonais JAIEC -créé notamment par Mitsubishi Heavy Industries- les trois industriels responsables du développement de l'appareil, ont annoncé vendredi dans un communiqué avoir signé l'accord donnant naissance à cette entité, dont ils détiendront un tiers chacun.

Cet appareil viendra concurrencer le Scaf, programme d'avion du futur mené par la France, l'Allemagne et l'Espagne.

La création de cette entreprise, qui débutera ses activités en milieu d'année 2025, s'inscrit dans le cadre d'un programme commun de Londres, Rome et Tokyo, baptisé GCAP (Global Combat Air Programme) annoncé en 2022.

L'énorme appareil à double empennage en forme de V sera amené à remplacer les F-2 japonais et les Eurofighter italiens et britanniques. Sa durée de vie "devrait s'étendre au-delà de 2070", selon le communiqué.

Si le calendrier prévu par les promoteurs du projet est respecté, il entrera en service au moins cinq ans avant le projet concurrent de SCAF, le projet de Système de combat aérien futur porté par la France, l'Allemagne et l'Espagne.

"Pas toujours simple"

La nouvelle entreprise aura son siège au Royaume-Uni et son premier directeur général, dont le nom n'est pas encore connu, sera de nationalité italienne. Des équipes communes seront déployées dans les trois pays.

Cet accord, "l'aboutissement de nombreux mois de collaboration", permet de rassembler "les forces et l'expertise significatives des sociétés impliquées", s'est félicité Charles Woodburn, le directeur général de BAE Systems.

"Le chemin ne sera peut-être pas toujours simple et direct, mais je suis convaincu qu'en poursuivant l'esprit de coopération et de collaboration trilatérale encouragé jusqu'à présent, nous ne livrerons pas seulement le GCAP dans les délais, mais aussi à un niveau qui dépassera toutes nos attentes", a souligné Kimito Nakae, président de JAIEC.

Le GCAP représente "une étape importante dans le développement des technologies de pointe et un exemple remarquable de la forte coopération internationale entre nos nations", a souligné le ministre italien de la Défense Guido Crosetto dans un communiqué.

Il a également évoqué "la contribution significative que le projet apportera au secteur de la recherche et du développement". "Les retombées dans le secteur civil, en termes de brevets, de développement industriel et d'emploi, seront réelles et importantes", a ajouté Guido Crosetto.

Des milliards d'investissements

Le projet s'articulera autour de l'avion avec des drones accompagnateurs, le tout connecté avec les autres moyens militaires engagés dans une opération.

Des milliards d'euros d'investissements, répartis à parts égales, doivent être engagés, sur lesquels les trois industriels n'ont pas donné de précision vendredi.

"Le ministère italien de la Défense a déjà alloué 8,8 milliards d'euros à ce programme", avait indiqué début novembre M. Cingolani, le directeur général de Leonardo.

En visite au salon de Farnborough, dans le sud de l'Angleterre, en juillet, où une maquette de l'avion avait été présentée, le Premier ministre britannique Keir Starmer avait insisté sur "l'importance de ce programme" pour son pays.

Le directeur général d'Airbus Defense and Space, Mike Schoellhorn, avait estimé au même moment qu'une telle situation de concurrence entre ce projet et celui de Paris, Berlin et Madrid n'était "pas logique" au regard des milliards d'euros d'investissements à engager.

Roberto Cingolani n'avait pas écarté un éventuel rapprochement "à l'avenir" avec le projet. "Je ne parle pas de fusion, c'est peut-être trop, mais certainement de collaboration."

OC avec AFP