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JO 2024: lutte anti-drones et cybersécurité en ordre de marche au salon Milipol

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A l'approche de grands évènements internationaux, le salon de la sécurité intérieure Milipol accueille de plus en plus de technologies de pointe parmi lesquelles les drones et la lutte anti-drones.

Le jour "J" se rapproche. Le 26 juillet 2024, les Jeux olympiques de Paris démarreront sous le signe des festivités pour certains. Pour d'autres, cet événement fait sonner tous les signaux d'alarme de la sécurité comme nous l'ont confié plusieurs experts lors du salon Milipol qui se tient à Villepinte (Seine-Saint-Denis).

À chaque édition, ce rendez-vous international des forces de l'ordre met le cap sur les technologies du quotidien qui apparaissent comme des menaces potentielles durant les Jeux. Loin des clichés sur ce rendez-vous, l'armement représente moins de 10% des exposants. Désormais, la majorité des stands proposent des technologies.

"C'est une réponse aux vulnérabilités nouvelles qui sont créées par la modernisation des systèmes qui est une force, mais aussi une fragilité en cas d'attaques", explique à BFM Business Yann Jounot, préfet et président des salons Milipol.

Un marché en hausse de 22,5%

Au centre des risques, les drones qui font l'objet d'une attention particulière par le ministère de l'Intérieur, bien sûr, mais aussi celui des Armées à qui a été confiée la lutte anti-drones pour les JO 2024.

"Pour les drones, il y a un élément de miroir déformant. On en parle beaucoup parce que c'est nouveau, notamment sur les théâtres de guerre. C'est encore une petite partie de la sécurité, mais sa croissance est très forte", signale Yann Jounot.

En 2022, le marché français de drones et de la lutte anti-drones a fortement accéléré avec une hausse de 22,5% pour atteindre 106 millions d'euros, selon une étude réalisée par le magazine spécialisé "En toute sécurité". En 2023, ce secteur devrait encore augmenter de 24%. Pour la cyber sécurité, le marché pesait 6,1 milliards d'euros en 2002 avec une hausse de 9%. En 2023, la progression atteindra 11%.

"On est dans un effet rattrapage depuis la période Covid. En 2021 et 2022, les progressions sont très fortes aussi bien pour les drones que la cybersécurité. Il y a une prise de conscience que ces risques sont très importants ", nous précise Patrick Haas, rédacteur en chef du magazine spécialisé "En toute sécurité".

Ces risques ont été pris très au sérieux depuis plusieurs années par les forces de l'ordre et les armées. Ils disposent déjà de drones pour surveiller, attaquer et porter secours. "Ce sont des enjeux majeurs pour la gendarmerie", confirme le commandant Arnaud de l’état-major de la gendarmerie.

"Cet outil nous aide dans nos missions quotidiennes. L'autre composante reste la lutte anti-drones puisqu'on voit l'émergence d'une menace sur le territoire national. Il y a ceux qui volent en dehors de la réglementation ou des gens qui auraient des intentions malveillantes", pointe le commandant Arnaud.

Vador et fusils anti-drone

La gendarmerie est déjà équipée de pistolets et de fusils très particuliers. Ils sont capables de brouiller le signal wifi ou GPS entre la télécommande et le drone. L'engin volant ne chutera pas sur la foule. Il sera immobilisé et lorsque sa batterie sera presque vide, une sécurité constructeur le fera atterrir en douceur sur un point d'atterrissage. Ce fusil permet d'intercepter des drones à une altitude d'environ 1000 mètres. En parallèle, un gendarme pourra géolocaliser le télépilote pour l'appréhender.

Salon Milipol : RDV de la sécurité intérieure – 14/11
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De leur côté, les militaires disposeront aussi d'Helma-P, un laser anti-drone développé par Cilas, filiale d'ArianeGroup, en cas de menaces urgentes. Déjà testé par la direction général de l'armement, ce système est capable de neutraliser "100% de ses cibles", selon le ministère des Armées. Helma-P est conçu pour repérer les engins jusqu'à 100 kilos jusqu'à 3 kilomètres de distance et les atteindre jusqu'à 1 km. Ce laser, d'une puissance de 2 kilowatts, peut aussi "éblouir" un drone en saturant ses capteurs optiques.

Les policiers ne sont pas en reste. Les policiers du RAID, également impliqués dans la lutte anti-drones pour les JO 2024 ont à leur disposition des Vador, pour "Véhicule anti-drones opérationnel rapide". Il s'agit de vans Mercedes blindés "conçu, développé et équipé par Nuances Technologies en partenariat avec le RAID".

À l'intérieur, c'est une véritable salle de contrôle mobile équipée de technologies pour détecter le drone. Les policiers de cette unité prendront le contrôle de l'engin et brouilleront les connections avec son téléopérateurs grâce au fusil anti-drone Nerod conçu par la société francaise MC2 Technologie.

Protéger aussi les technos anti-drones

Au cœur des dispositifs, l'intelligence artificielle est présente pour éviter les erreurs et protéger les systèmes anti-drones des attaques cyber qui pourraient les perturber, voire de les rendre inopérants.

"Le risque cyber est un oxymore. C'est sur les conséquences de ce risque qu'il faut travailler. La lutte anti-drones est face à des engins de petites tailles, de quelques centaines de grammes qu'on peut facilement confondre avec des oiseaux. Il faut apprendre à discriminer la vitesse de rotation des pales avec des ailes d'oiseaux", explique Lionel Le Cleï, vice président sécurité intérieure de Thales.

Et pour cet expert, l'une des priorités est de sécuriser ces intelligences artificielles qui, si elles sont nécessaires pour protéger, peuvent à leur tour devenir vulnérables. "Il faut prévenir ces vulnérabilités pour éviter qu'elles ne soient leurrées".

Cette sécurité indispensable aux JO 2024 a un coût de plus en plus élevé. Elle pourrait même alourdir la facture de l'événement qui est déjà passé de 6,6 milliards d'euros en 2017 à 8 milliards. Sur ce montant, la sécurité, qui au départ avait été estimée à 250 millions d'euros, pourrait approcher au final les 500 millions.

Reportage Pascal Samama, avec Emma Depiot