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Défense

Envisageable d'ici 5 ans selon l'Otan: un conflit entre la Russie et l'Alliance atlantique coûterait 1.500 milliards de dollars

Logo de l'Otan sur l'uniforme d'un militaire.

Logo de l'Otan sur l'uniforme d'un militaire. - Gints Ivuskans © 2019 AFP

En cas de conflit entre la Russie et les pays de l'Otan, Bloomberg estime le coût des douze premiers mois à 1 500 milliards de dollars.

La somme est astronomique. Une estimation menée par Bloomberg chiffre à 1.500 milliards de dollars le coût d'un conflit entre la Russie et les pays de l'Otan et ce, uniquement pour la première année. Une guerre à grande échelle pourrait faire reculer le PIB mondial d'1,3%.

Une estimation qui intervient dans un contexte où les chefs d'État des 32 pays de l'Otan se réunissent cette semaine, en vue de fixer des critères d'investissement en matière de défense pour se prémunir contre la menace russe. La semaine dernière, à l'occasion du Forum économique international qui s'est tenu à Saint-Petersbourg, le chef du Kremlin a une nouvelle fois lancé une provocation.

"Nous avons un dicton, une parabole: partout où le soldat russe pose ses pieds, il est à nous", a déclaré Vladimir Poutine.

De son côté, Mark Rutte, le secrétaire général de l'Otan, a tenu à dramatiser l'enjeu en vue du sommet de cette semaine qui se tient à La Haye aux Pays-Bas, en indiquant qu'une attaque russe contre l'Alliance atlantique pourrait être envisagée par Moscou d'ici cinq ans, vue l'accélération rapide de la production du complexe militaro-industriel. L'Otan a d'ailleurs demandé à ses membres de multiplier par cinq leurs capacités de défense antiaérienne et antimissile.

Les évaluations de Bloomberg Economics intègrent l'augmentation des dépenses de défense, des mesures d'impact sur les destructions et de la perte de production dans les zones touchées, les retombées sur les chaînes d'approvisionnement – notamment européennes –, l'augmentation des prix de l'énergie suite à la réduction des exportations de pétrole et de gaz russes, la volatilité et la chute des marchés financiers.

Des conséquences en cascade

Bloomberg évoque un scénario qui toucherait en premier lieu les pays baltes, susceptibles donc d'invoquer l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord, qui prévoit que toute attaque sur l'un des pays de l'Otan "sera considérée comme une attaque dirigée contre toute les parties" et met donc en œuvre le principe de solidarité.

Au-delà de la réponse armée des pays otaniens, les conséquences d'une attaque sur les pays baltes sont susceptibles de toucher tout le continent européen, que ce soit par des tirs de missiles ou des attaques "hybrides", touchant des bases militaires ou des infrastructures stratégiques tels que les câbles sous-marins, les constructions énergétiques, les ports, engendrant des conséquences en cascade pour l'économie mondiale.

Baisse de PIB généralisée

Selon Bloomberg, un conflit Otan-Russie pourrait faire reculer le PIB des pays baltes de 43,4%, le PIB au niveau mondial pourrait quant à lui flancher de 1,3%. A titre de comparaison, indique Bloomberg, le PIB mondial aurait diminué de 1% lors de la guerre du Golfe, la guerre en Ukraine a occasionné une baisse du PIB mondial de 1,5%, tandis que la pandémie de Covid-19 et la crise financière mondiale de 2009 ont fait chuter le PIB global de 5,9%.

Les pertes "seraient bien plus importantes si le conflit s'étendait à d'autres pays européens", énonce Bloomberg, même si, s'agissant de l'Union européenne, "l'augmentation des dépenses de défense amortit quelque peu le choc de l'augmentation des coûts de l'énergie, des turbulences des marchés et de la destruction des infrastructures".

Le PIB européen subirait tout de même une baisse de 1,2%.

Quant au PIB russe, il ne subirait qu'une baisse de 1%, selon les calculs de Bloomberg, "un coup relativement mineur puisque les sanctions l'ont isolée et que les dépenses sont plus élevées, créant un mirage de santé économique".

Bloomberg indique par ailleurs que la production russe d'obus d'artillerie, de drones et de missiles pourrait bientôt dépasser le besoin des militaires déployés en Ukraine.

Helen Chachaty