Défense: le gouverneur de la Banque de France écarte un "nouveau 'quoi qu'il en coûte'"

"Sur la défense, il ne peut pas y avoir de nouveau 'quoi qu'il en coûte'". Alors que financiers et industriels sont réunis jeudi à Bercy pour s'allier dans l'effort de défense de la France, le gouverneur de la Banque met en garde sur les modalités de financement de cet effort qu'il juge cependant "légitime pour que l'Europe retrouve la maitrise de son destin militaire et économique."
"Nous ne pouvons plus tout nous payer comme avant et la France va devoir faire des choix, a expliqué François Villeroy de Galhau sur la plateau de BFMTV. C'était vrai avant même l'effort de défense car nous devons enfin stabiliser notre dette publique."
Le gouverneur de la Banque de France met en garde sur la transmission d'"un sac à dos de plus en plus lourd" aux générations futures : "Si on veut stabiliser la dépense publique, ça veut dire réduire le déficit public à 3% d'ici 2029. C'est exigeant mais possible. Dans notre histoire, entre 2014 et 2018, nous nous sommes approché de cette stabilité car il y a eu un effort de tous."
Un risque de hausse de la dépense publique in fine
François Villeroy de Galhau a notamment deux interrogations au sujet du financement de la hausse des dépenses militaires nationales : "La première question est 'qui va prêter au début aux industries de défense ?' On trouvera l'épargne qui peut s'investir, c'est mieux si ça passe par des fonds propres.
"La question plus difficile est 'qui va payer à la fin ?' Et malheureusement ce sera de la dépense publique, il n'y a que l'Etat qui peut acheter du matériel militaire et payer les soldats."
Or, le gouverneur de la Banque de France considère qu'il est indispensable d'à la fois "arrêter la croissance de nos dépenses publiques" et d'"augmenter la croissance de l'économie".
"Cela ne veut pas dire l'austérité mais nous constatons que nous avons les dépenses publiques les plus élevées en Europe et parmi les économies avancées dans le monde. Il y a trois acteurs : le budget de l'Etat qui a commencé à faire reculer le volume de ses dépenses publiques, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Si on a un effort juste et partagé, on peut avoir une réduction des dépenses publiques."