C'est la "deuxième meilleure performance historique": les exportations d'armement de la France ont bondi de 163% à 21,6 milliards d'euros

KNDS France a engrangé de nouvelles commandes de la France, de l'Estonie, de la Croatie et de l'Arménie pour son canon automoteur Caesar. - KNDS France
C'est une année faste pour l'industrie française de l'armement. Les exportations françaises d'armements se sont établies à 21,6 milliards d'euros en 2024, leur "deuxième meilleure performance historique", dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine et l'explosion des dépenses militaires mondiales, selon le rapport annuel du ministère des Armées au Parlement. Si ce marché à l'export peut très fortement fluctuer d'une année sur l'autre, la hausse a tout de même été de 163% en 2024 par rapport au précédent exercice.
Les prises de commandes ont une nouvelle fois été tirées par la vente d'avions de combat Rafale à la Serbie (12 appareils) et à l'Indonésie (18 avions), ainsi que celle de quatre sous-marins d'attaque Barracuda aux Pays-Bas, selon ce rapport révélé par le journal en ligne Médiapart et dont l'AFP a eu confirmation du contenu.
Dès le mois de janvier, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait évoqué "plus de 18 milliards d'euros" d'exportations pour 2024. Avec finalement 21,6 milliards de prises de commandes, le bilan reste loin du niveau record de 27 milliards engrangé en 2022, à la faveur d'un contrat de 80 avions Rafale avec les Émirats Arabes Unis, mais bien au-delà des 8,2 milliards de 2023.
"Au total, près de 40 milliards d'euros de commandes ont été enregistrées, en intégrant celles destinées aux forces armées françaises", se félicite-t-il dans ce rapport, en rappelant que "les exportations restent une condition absolument nécessaire pour assurer le maintien d'une base industrielle apte à équiper nos forces".
Ces prises de commandes s'inscrivant dans une hausse des dépenses militaires mondiales, qui ont atteint 2.676 milliards de dollars (environ 2.470 milliards d'euros) l'an passé, en hausse de plus de 9% sur un an, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Deuxième exportateur au niveau mondial
La France est le deuxième exportateur mondial d'armement, loin derrière les États-Unis, qui concentrent à eux seuls 43% du total des exportations mondiales sur la péride 2020-2024, indiquent les données du Sipri.
Si les exportations françaises sont traditionnellement tournées vers le Moyen Orient et l'Asie, en 2024 60% des prises de commandes ont été le fait de pays européens, poussés au réarmement par la menace posée par la Russie pour la sécurité du continent.
Pour s'implanter sur ces marchés, Paris privilégie notamment les programmes d'acquisition en commun avec d'autres pays européens, comme pour les missiles anti-aériens Mistral ou les canons Caesar, ce qui permet d'obtenir un soutien financier de l'Union européenne.
L'an passé, l'Asie a représenté 23% des exportations françaises d'équipement de défense, le Moyen Orient 11%.
Les principaux clients ont été les Pays-Bas (5,9 milliards d'euros), l'Indonésie (3,56), la Serbie (2,75), l'Irak (1,25) et la Pologne (1,18).
L'Ukraine a pour sa part acheté pour 907 millions d'euros d'armements auprès de l'industrie française. Au total, le soutien militaire de Paris à Kiev est évalué à 5,9 milliards d'euros entre février 2022 et fin 2024, selon le rapport.
Les prises de commandes d'Israël se sont elles élevées à 27,1 millions d'euros, totalisant 223 millions sur les 10 dernières années, au grand dam d'ONG qui dénoncent l'offensive militaire israélienne à Gaza.
"La France ne livre pas d'armes à Israël mais exporte des composants ayant vocation en particulier à être intégrés dans des systèmes défensifs ou à être réexportés vers des pays tiers", réaffirme le rapport.
Le secteur aéronautique a représenté 43% des produits exportés l'an passé, le secteur naval 33% et les matériels terrestres 15%. Paris a également exporté des radars et systèmes de communication (5% du total) ainsi que des missiles (4%).