Avions de combat: pourquoi l'Arabie saoudite veut en urgence un devis pour une commande de 54 Rafale

L'intérêt de l'Arabie saoudite pour le Rafale se confirme. Selon "La Tribune", Riyad aurait demandé à Dassault Aviation de lui envoyer avant le 10 novembre une proposition chiffrée pour l'achat de 54 Rafale. Le constructeur français ne fait aucun commentaire sur ce dossier dont l'annonce est du ressort de l'Etat français.
L'Arabie saoudite s'intéresse à l'avion de combat français depuis quelques années et cet intérêt s'est renforcé depuis l'annonce du contrat de 80 Rafale F4 passé par les Émirats arabes-unis. Il y a presque un an, des fuites évoquaient la possibilité de vendre à Riyad entre 100 et 200 avions de combat français pour 36 milliards d'euros.
Mais, cette fois, c'est l'urgence de la demande qui pose question. Repose-t-elle sur les tensions au Proche-Orient? Peu probable puisque ces appareils ne pourraient être livrés avant plusieurs années.
Faire pression sur Berlin
Ce qui semble le plus plausible, c'est que cette demande repose sur les discussions concernant l'acquisition d'une cinquantaine d'Eurofighter Typhoon auprès du Royaume-Uni. Co-constructeur partenaire de cet appareil, l'Allemagne joue son droit de veto sur cette vente avec un embargo sur les exportations d'armements.
Berlin a pris cette décision avec la guerre au Yemen en 2015, et aussi après l'assassinat de Jamal Khashoggi en 2018. Sans accord de l'Allemagne, aucun contrat n'est possible entre Londres et Riyad. Ce refus a même été répété en juillet dernier lors d'un sommet de l'Otan provoquant le mécontentement d'Airbus pour qui ce veto donne un avantage à son concurrent français.
La Royal Saudi Air Force a-t-elle réellement l'intention de s'équiper de Rafale en plus des F-15 américains et des Eurofighter dont elle dispose? Selon La Tribune, Paris et Dassault Aviation craignent que le Rafale joue "le rôle du lièvre" pour faire fléchir Berlin qui en parallèle aurait demandé aux Saoudiens d'intervenir pour faire libérer les otages allemands détenus par le Hamas à Gaza lors de l'attaque terroriste du 7 octobre contre Israël.
Un point joue toutefois en faveur de la France dans ce contrat. Mohammed ben Salmane, prince héritier d'Arabie saoudite, voudrait avoir une alternative aux appareils américains pour avoir des appareils qui ne dépendent ni de la réglementation américaine sur les ventes d'armes, ni de celle de l'Allemagne.
