Associer l'industrie de défense britannique aux programmes européens: l'idée fait son chemin

La Haute Représentante de l'Union européenne pour les Affaires Étrangères, Kaja Kallas. - Nicolas TUCAT / AFP
C'est inédit depuis le Brexit. L'Union européenne et le Royaume-Uni se sont lancés dans d'ultimes tractations en vue de conclure un accord de partenariat dans le domaine de la défense, avant un sommet lundi à Londres.
Le renforcement de la menace russe et le risque d'un désengagement américain du continent européen, ont conforté Londres et Bruxelles dans leur volonté de resserrer leurs liens.
Les Britanniques pourraient ainsi assister à certaines des réunions ministérielles de l'UE, et vice-versa, ou prendre part, s'ils le souhaitent, à certaines initiatives ou missions militaires européennes, selon leur projet d'accord.
L'idée est également d'associer davantage l'industrie de défense britannique aux efforts européens de développement de leur propre base industrielle. Le Royaume-Uni a beaucoup à gagner d'un tel accord, qui pourrait bénéficier à ses entreprises de défense, comme BAE Systems et Rolls-Royce.
Nouvelles discussions
La signature de cet accord de partenariat est la condition nécessaire pour ouvrir ensuite de nouvelles discussions afin de permettre à Londres de rejoindre, dans un deuxième temps, un programme européen d'achats en commun d'armement, actuellement en négociations entre les 27.
Ce dernier, baptisé "Safe", prévoit des prêts de 150 milliards d'euros pour financer, en commun, des achats et des projets d'armement en Europe. Plusieurs pays non-membres de l'UE peuvent déjà y participer, comme la Norvège ou l'Ukraine, car signataires d'un partenariat de défense et de sécurité, similaire à celui négocié entre Londres et Bruxelles.
Si le Royaume-Uni devait rejoindre ce programme, il serait considéré comme un fabricant européen, au même titre que n'importe quel autre pays membre de l'UE, a assuré un responsable européen.
Encore faut-il que l'accord de partenariat soit signé à Londres.
Personne à Bruxelles n'envisage un échec, mais plusieurs obstacles restent à franchir, selon ces diplomates.
"Aucun accord final n'a encore été obtenu", a reconnu jeudi un porte-parole du gouvernement britannique.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre britannique Keir Starmer auront l'occasion d'y parvenir lors d'un sommet de la Communauté politique européenne, qui rassemble ce vendredi à Tirana la plupart des États européens.
Des négociations tendues
Si le sujet sécurité ne présente pas de grosses difficultés, menace russe oblige, l'adoption de cet accord stratégique reste conditionnée à d'autres sujets beaucoup plus sensibles, comme la pêche, les mesures phytosanitaires ou la mobilité des jeunes Européens.
Dans tous ces domaines, la situation s'est nettement tendue ces derniers jours, selon plusieurs diplomates à Bruxelles.
Les négociateurs britanniques ont fait pression sur plusieurs États membres, dans l'espoir de briser l'unité européenne, en vain, a ainsi expliqué l'un d'entre eux.
L'agacement pointe dans les rangs de l'UE, qui négocie ces retrouvailles avec la Grande-Bretagne depuis qu'elle a officiellement quitté l'Union européenne en 2020, ont encore relevé ces diplomates.
L'arrivée des travaillistes au pouvoir l'an dernier avait pourtant changé la donne et facilité un rapprochement.