Dans le Gers, une usine Danone arrête la production de yaourts et passe aux laits végétaux

Fini les yaourts, place au lait végétal. Après deux ans de travaux et plus de 40 millions d'euros d'investissements, l'usine Danone de Villecomtal-sur-Arros (Gers) fabrique désormais des boissons végétales. Plus exactement du lait d'avoine, vendu sous la marque Alpro dans les supermarchés. Les salariés du site gersois, jusqu'alors spécialisés dans les yaourts aux fruits pour les marques du groupe Danone, s'attellent à la transformation de la farine d'avoine en jus d'avoine.
L'usine va produire "100.000 tonnes" de lait d'avoine chaque année, ce qui représente "à peu près 300.000 litres par jour", explique Yann Leroy, directeur des opérations chez Danone.
Un virage stratégique pour le groupe. "La pénétration" des produits végétaux "augmente chez les jeunes", notamment les "18-24 ans" dont "60% utilisent des produits végétaux en alternative avec les produits laitiers", note le directeur général de Danone, Antoine de Saint-Affrique, y voyant un "marché d'avenir". Avec le site de Villecomtal-sur-Arros et le site alsacien d'Issenheim, d'où sortent 200.000 tonnes chaque année, le groupe compte deux sites en France dédiés aux boissons végétales.
"Une petite indemnité"
La production de yaourts n'a pas été supprimée, mais déplacée dans d'autres usines françaises de Danone. Mais le groupe a néanmoins mis fin à son accord avec l'Organisation de producteurs du Sud-Ouest laitier (Opsol), dont 200 éleveurs fournissaient jusqu'alors l'usine gersoise en lait de vache.
Danone a travaillé avec l'Opsol pour accompagner financièrement les exploitations durant cette transition. Ont notamment été négociées "une indemnité supplémentaire pour les jeunes agriculteurs et une indemnité forfaitaire pour les producteurs qui souhaiteront solliciter des appuis techniques (audits de réflexion et conseils)", précise le communiqué de Danone.
Certains éleveurs gardent néanmoins un petit goût amer de ce revirement. "Au final, on s'est quitté quand même avec une petite indemnité de la part de Danone", ce qui a permis à l'Opsol "de se restructurer", explique Gérard Broqua.
Les producteurs se sont tournés vers la Fromagerie des Chaumes, propriété du groupe Savencia qui fabrique le fromage Saint-Albray à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques). D'autres continuent de livrer leur lait "à Danone sur son site de Lacapelle-Marival", précise l'entreprise dans un communiqué.
Mais les éleveurs reprochent encore à Danone de ne pas faire appel aux agriculteurs locaux, puisque l'avoine est importé de l'étranger, notamment d'Espagne.
Si les boissons végétales n'ont cessé de gagner de nouveaux adeptes dans les années 2010, puis à nouveau dans le sillage de la crise sanitaire, leur progression a néanmoins connu un coup d'arrêt en 2022. Selon une étude de FranceAgriMer, les quantités achetées ont diminué de 4,9% cette année-là par rapport à l'année précédente. Avec l'inflation, les consommateurs ont boudé ces "laits végétaux", dont le litre est vendu en moyenne deux fois plus chers que le lait de vache.
Les laits végétaux fabriqués dans le Gers, eux, seront destinés à 90% à l'exportation vers l'Europe.