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Retour de la Ligue 1: est-ce que les bars vont s'abonner à DAZN?

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Certains bars sportifs pourraient enregistrer un afflux de clients mécontents des tarifs des offres d'abonnement du nouveau diffuseur principal du championnat de football français.

Les bars sportifs pourraient bénéficier d'un véritable effet d'aubaine dans les prochains mois. Après avoir obtenu l'attribution officielle de huit matchs sur neuf en direct par journée de Ligue 1 sur les cinq prochaines saisons, la plateforme de streaming sportif DAZN a présenté ses offres la semaine dernière alors que le championnat de football français reprend vendredi soir. Le nouveau diffuseur principal propose ainsi une offre à 29,99 euros par mois pour huit matchs en direct avec engagement d'un an, laquelle grimpe à 39,99 euros par mois sans engagement et une autre à 14,99 euros pour un match du dimanche à 17h.

Si l'abonnement comprend aussi le dernier match accessible en différé, la Ligue des champions féminine, la saison Elite en basket ou encore du MMA et de la boxe, son tarif fait grincer des dents les fans de ballon rond et plus particulièrement les supporters assidus de clubs de l'élite hexagonale. Sur les réseaux sociaux, plusieurs annoncent d'ores et déjà la couleur: ils préféreront se rendre au bar pour regarder les rencontres plutôt que de souscrire à un abonnement qu'ils jugent onéreux.

"Entre 200 et 300 euros par mois" pour diffuser tous les sports

Et les établissements spécialisés dans la retransmission de rencontres sportives comptent bien répondre présents à l'image du Bar à Pintes. Situé dans le XIème arrondissement de la capitale, le lieu qui peut accueillir plus de 250 personnes a bénéficié d'un important coup de projecteur lors des deux dernières épopées des Bleus en Coupe du monde. Afin de rester cohérent avec le créneau affiché du bar, son gérant Ludovic Roche prévoit de s'abonner à DAZN pour assurer la diffusion des principales rencontres de Ligue 1 même s'il devra mettre encore un peu plus la main à la poche:

"On est déjà abonné à la formule Canal+ Pro Sport dont le bouquet intègre les chaînes comme BeIn Sports et Eurosport mais la facture mensuelle va sûrement monter entre 200 et 300 euros pour avoir l'ensemble des sports en ajoutant l'abonnement DAZN."

Pourtant, le gérant du Bar à Pintes constate une différence importante de fréquentation selon le type de rencontres. "Ce sont les matchs de Ligue des champions du PSG qui vont surtout attirer du monde, explique-t-il. Les matchs de Ligue 1 ne suscitent plus le même intérêt qu'il y a quelques années à part les Clasicos entre Paris et Marseille, mais ce n'est pas du tout dans la même mesure qu'une affiche européenne. On priorisera le PSG puis ce sera à la demande du client comme on a plusieurs écrans."

Parmi les 10 grandes affiches qu'a choisies DAZN pour la saison, figurent tous les matches entre le Paris SG, Marseille et Lyon ou encore le derby Lyon-Saint-Étienne.

Un nouveau fiasco Mediapro en approche ?

Alexandre Ribeiro est le directeur commercial des deux bars sportifs Belushi's dans le nord de Paris, l'un peut accueillir plus de 300 personnes et l'autre le double. Il a également dû se résoudre à souscrire à l'abonnement DAZN : "On est bloqué, on a des partenariats avec des associations de supporters donc on est obligé de retransmettre les matchs de Ligue 1." Pourtant, il estime que cette souscription "n'est pas du tout une bonne affaire" :

"En tant que pro, on est facturé en fonction du nombre d'écrans et on en a 27 sur les deux établissements donc le seul abonnement DAZN nous coûtera plus de 700 euros par mois."

S'il s'attend à une hausse de la fréquentation des deux bars, Alexandre Ribeiro n'anticipe pas pour autant une augmentation de la consommation ou estime que celle-ci sera marginale. "En plus, on doit s'engager sur un an donc c'est un investissement annuel supérieur à 8.000 euros pour un championnat qui n'attire pas les foules sauf pour les très grandes affiches", déplore-t-il. Comme certains spécialistes, il prédit un destin semblable au fiasco Mediapro de 2020 : "Je pense que c'est quelque chose qui va s'essouffler dans le temps car on est au-dessus du marché et d'après les échos que j'ai, le nombre d'abonnements est encore plus faible qu'avec Médiapro. On va sûrement vite finir par revenir à la situation du début de l'été."

Timothée Talbi