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"Attention aux idées reçues": le ski est-il vraiment une activité réservée aux privilégiés?

Selon une enquête d'Atout France, un Français sur quatre a pratiqué une activité de neige au moins une fois depuis 3 ans et un Français sur cinq assure pratiquer le ski.

Selon une enquête d'Atout France, un Français sur quatre a pratiqué une activité de neige au moins une fois depuis 3 ans et un Français sur cinq assure pratiquer le ski. - Pexels

Une étude d'Atout France bat en brèche la vision d'une pratique réservée aux nantis. Si les vacances à la neige sont coûteuses, de nombreux foyers de la classe moyenne sont prêts à faire des sacrifices.

Une petite minorité seulement de Français aurait les moyens de se payer des vacances aux sports d'hiver. C'est ce qu'affirment année après année les études, comme celle du Crédoc publiée en 2023. D'autres enquêtes, à l'image de celle de Domaines skiables de France, donnent des chiffres bien supérieurs, aux alentours de 20%.

C'est pour tenter d'y voir plus clair qu'Atout France, l’agence publique du tourisme, a mené une vaste enquête* avec Harris Interactive auprès de plus de 7.000 Français représentatifs de la population.

Les résultats battent en brèche certaines idées reçues. L’étude nous apprend d’abord qu’un Français sur quatre a pratiqué une activité de neige au moins une fois lors des trois dernières années. Qu'un sur cinq assure pratiquer le ski plus ou moins régulièrement et que même un Français sur sept (soit 13%) irait skier chaque année. Des chiffres qui semblent bien supérieurs aux 8-9% à peine de Français qui auraient les moyen de se payer la neige.

"Les résultats vont un peu à l'encontre des idées reçues, reconnaît Sylvain Charlot, le délégué montagne au sein d'Atout France. Il y a une appétence des Français pour la montagne en hiver."

Évidemment que la pratique du ski est coûteuse, que c'est au sein des catégories les plus aisées que l'on trouve le plus de skieurs (plus de 20% chez les cadres supérieurs), que le prix est le premier frein cité par les Français (50% le citent), devant le risque de faible enneigement (32%) et la crainte de la fréquentation excessive (31%).

Le prix pas toujours rédhibitoire

Mais là encore, l'étude d'Atout France relativise cette sensibilité au prix.

"La question du prix arrive en tête de toutes les catégories que ce soit la consommation, la voiture, rappelle Sylvain Charlot. C'est une problématique générale, pas plus dans le ski qu'ailleurs."

Peu d'études chiffrent le coût moyen d'une journée de ski toutes dépenses comprises. Une étude ancienne de 2013 de Domaines skiables de France l'estimait à 117 euros par jour et par personne en moyenne. Une somme qui a fatalement enflé ces dernières années et qui constitue un budget conséquent pour une famille de quatre personnes.

Mais ce que montre l'enquête d'Atout France, c'est que ce sacrifice, de nombreuses familles de la classe moyenne sont prêtes à le faire.

Ainsi, si l'on fait une photographie de la fréquentation de la montagne l'hiver, on constate que sur 100 foyers qui s'y rendent, 51 gagnent moins de 3.000 euros nets par mois et 33 entre 3.000 et 5.000 euros. Il est ici question de revenus du foyer et non des individus. Cela tend à conclure que la très grande majorité de la fréquentation hivernale de la montagne est le fait de la classe moyenne.

"On constate que la répartition des revenus dans les foyers qui fréquentent la montagne l'hiver n'est pas si éloignée de la répartition des revenus dans la population totale", remarque Sylvain Charlot.

Oui mais le ski là-dedans. On peut très bien aller à la montagne l'hiver sans skier car c'est trop cher. Là aussi l'étude écorne un peu l'image du ski comme sport de nantis.

Des taux de remplissage record

Ainsi 58% des foyers qui pratiquent le ski alpin auraient des revenus inférieurs à 4.000 euros par mois. Ils sont sous-représentés, certes, par rapport à la distribution globale des revenus (76% des foyers gagnent moins de 4.000 euros) mais ils représentent tout de même la majorité des pratiquants.

"La pratique du ski, contrairement à ce qu'on pense parfois, est assez démocratisée, indique le délégué montagne d'Atout France. Évidemment que dans les grandes stations internationales il va y avoir plus de gens aisés mais c'est une vision biaisée."

Petites stations des Alpes du sud ou des Pyrénées, séjour en dehors des stations, locations dans des villages vacances plus abordables comme les VTF... La réalité des sports d'hiver ne se résume aux luxueux Club Med savoyards et autres palaces de Courchevel.

Les professionnels du secteurs constatent par ailleurs de forts taux d'occupation en stations avec des prévisions de 87% de remplissage sur la deuxième semaine des vacances de février, après avoir atteint les 94% la semaine du jour de l'An. Des taux 10 points supérieurs à la période pré-Covid.

*Enquête réalisée en ligne par Harris Interactive du 13 au 27 septembre 2024 auprès de 7 300 personnes représentatives des Français âgés de 18 ans et plus dont plus de 3 000 personnes ayant séjourné en montagne en France ces 3 dernières années, centrée sur les objectifs 1 et 2 de la démarche d’ensemble.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco