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Credit Suisse devant la justice pour discrimination liée à une grossesse et réclame près de 2 millions d'euros

Credit Suisse pourrait encore diminuer le poids de ses activités de marché

Credit Suisse pourrait encore diminuer le poids de ses activités de marché - AFP

Une ancienne tradeuse estime que la banque a mis fin à sa promotion et à la hausse de sa rémunération après l'annonce de sa grossesse.

Credit Suisse a comparu jeudi dans une affaire de discrimination sexiste, attaqué par une ancienne tradeuse qui considérait que la banque avait mis fin à sa promotion et à la hausse de sa rémunération après l'annonce de sa grossesse.

En première instance, en 2019, le conseil des prud'hommes de Paris avait reconnu l'existence d'une discrimination fondée sur le sexe et la maternité de l'ancienne salariée et condamné Credit Suisse à verser 150.000 euros en réparation du préjudice.

L'ancienne tradeuse avait interjeté appel, considérant que la somme était trop faible au regard des rémunérations et bonus qu'elle aurait pu percevoir.

La cour d'appel n'avait pas reconnu la discrimination, déboutant l'ancienne employée de sa demande. Mais cette décision a été cassée en novembre 2024 par la Cour de cassation qui a renvoyé l'affaire devant la cour d'appel.

Après plusieurs années dans d'autres banques, cette femme a été embauchée par Credit Suisse en 2009 au grade de "vice president", au sein de la succursale française de Crédit Suisse au Royaume-Uni.

Trois ans plus tard, elle demande à être promue au stade de "director". Elle annonce sa grossesse en septembre 2014.

Elle réclame 1,7 million d'euros pour le préjudice

La banque n'a jamais donné suite à sa demande de promotion. Après plusieurs périodes de congés liées à sa maternité, l'employée a fini par signer une rupture conventionnelle en juin 2016.

"Le régime normal est de passer +director+. Entretemps elle est tombée enceinte et l'employeur a bloqué la procédure", a plaidé son avocat, Xavier Sauvignet, considérant que cette affaire est "emblématique du sexisme endémique du secteur bancaire".

L'ancienne tradeuse reproche également à son ex-employeur la fin du versement des bonus à partir de 2014, et réclame au total 1,7 million d'euros pour le préjudice économique.

"A compter de 2013, les résultats de l'entreprise sont en berne", a défendu l'avocate de Credit Suisse, Alice Hecquet. L'absence de bonus "n'est pas liée au congé maternité", "d'autres salariés n'en ont pas perçu", a-t-elle affirmé. Elle a par ailleurs jugé "disproportionné" le montant réclamé par la plaignante, l'estimant très éloigné de la jurisprudence des prud'hommes et basé sur des montants erronés.

La décision sera rendue le 13 janvier, sauf si les parties s'engagent dans une procédure de médiation pour régler le litige, comme proposé par la cour.

En proie à des difficultés, Credit Suisse a depuis été rachetée par sa principale concurrente, UBS.

OC avec AFP