Coup d'envoi des Assises du commerce, un dialogue entre acteurs aux intérêts divergents

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à l'Elysée, le 20 octobre 2021 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Craintes pour l'emploi avec l'automatisation des caisses, fréquentation des commerces physiques en chute quand les ventes en ligne explosent depuis la crise sanitaire... Les Assises du Commerce qui débutent ce mercredi vont tenter d'instaurer un dialogue sous l'égide de Bercy entre des acteurs aux intérêts très divergents.
Ces assises vont réunir plusieurs centaines de commerçants pendant trois semaines, et aborder "l'intégralité des sujets auxquels sont confrontés aujourd'hui les commerces, des hypermarchés aux petits commerces de centre-ville, en passant par la concurrence d'Amazon et des géants du digital", a affirmé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire lors d'un point presse.
Essor de l'e-commerce
Au sein du commerce, qui représente "plus de trois millions d'emplois dont 1,8 million dans le commerce de détail", a-t-il précisé, la crise sanitaire a accéléré des mutations comme l'essor de l'e-commerce, passé "de 9% du chiffre d'affaires du commerce de détail en 2019 à 14% en 2020 et probablement plus de 15% en 2021", a-t-il estimé. Selon la Fédération de l'e-commerce et de la vente à distance (Fevad), les ventes en ligne ont atteint 112 milliards d'euros en France en 2020 (+8,5% sur un an).
Or il y a "très peu de dialogue entre les acteurs du commerce, leur représentation est émiettée, et les décisions sont à chaque fois difficiles à prendre", comme sur la "date des soldes" qui voit s'opposer des commerçants "aux intérêts divergents". Organisations professionnelles et syndicales, associations de consommateurs ou encore universitaires sont aussi attendus.
Quatre ateliers seront organisés: le premier sera consacré aux "commerces dans les territoires", qui abordera les questions de la vacance commerciale dans les villes moyennes et les communes rurales, des baux et des loyers, de l'urbanisme commercial et des "plans de circulation, vitaux pour le commerce, l'un des points qui ressort de la consultation publique intervenue en octobre", a précisé Bruno Le Maire.
Mesures réglementaires "avant la présidentielle"
Le deuxième se penchera sur la "numérisation du commerce", le troisième sur "l'équité entre acteurs nationaux et internationaux" et le dernier sur "l'emploi et la formation dans le commerce", dans un secteur où certains peinent à recruter, tandis que la grande distribution "robotise un certain nombre de tâches", a-t-il résumé. Un bilan de ces Assises doit être dressé début 2022, avec pour objectif de prendre certaines mesures d'ordre réglementaire "avant l'élection présidentielle", a assuré Bruno Le Maire, tandis que les mesures législatives, "notamment fiscales, qui pourraient être nécessaires, pourront faire partie du projet présidentiel", a-t-il dit.
Le gouvernement avait donné en octobre 2020 un accord de principe à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui souhaitait que soit fait un bilan de la situation du commerce, bouleversé par la pandémie de Covid-19, qui a fait baisser la fréquentation des commerces physiques tandis que l'e-commerce explosait. "On est soumis aujourd'hui à des mutations gigantesques des habitudes de consommation, des modes de distribution, tout l'enjeu de la digitalisation, de la décarbonation du secteur... Tout cela vient en même temps et on est vraiment dans une redéfinition du commerce", estime Jacques Creyssel, délégué général de la FCD.
L'organisation attend notamment de l'État qu'il "prenne sa part" dans les investissements dont a besoin le commerce pour rebondir, chiffrant à 10 milliards d'euros supplémentaires par an l'effort nécessaire, faute de quoi "ceux qui ont les moyens d'investir aujourd'hui", le géant américain Amazon ou le chinois Alibaba, "prendront le marché", dit Jacques Creyssel. Les organisations professionnelles comme la FCD ou la Confédération des commerçants de France, qui représente les indépendants, souhaitent des mesures fiscales pour rétablir l'"équité" entre entrepôts d'e-commerce et magasins.