"On a tous une part de responsabilité": le patron de Système U réagit à la colère des agriculteurs

Alors que les responsables de la grande distribution brillent par leur silence depuis le début du mouvement de colère des agriculteurs, Dominique Schelcher, directeur général de Système U assume.
Sur BFMTV ce mardi, le responsable du distributeur dit "ne pas avoir l'habitude de se défiler, j'ai l'habitude d'assumer mes responsabilités".
Manière de répondre aux nombreuses attaques des agriculteurs contre la grande distribution, accusée de contourner la loi Egalim afin d'obtenir des prix plus bas et donc de participer à l'appauvrissement de la profession.
Système U "ne contourne pas la loi française"
"Il n'est pas acceptable de vivre dignement de son travail surtout quand y passe autant de temps", explique le PDG.
Si Dominique Schelcher "assume" une part du problème, il souligne "que tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire ont une part de responsabilité, jusqu'au consommateur. On a tous une part de responsabilité".
Le dirigeant répète "qu'il ne contourne pas la loi française" en matière d'achats de matières premières agricoles (destinés à la fabrication des produits de marque distributeur), "je m'inscris en faux" sur les accusations, "malgré l'intérêt qu'on aurait à acheter à l'étranger".
Et de poursuivre: "face aux défis posés par les agriculteurs, il faut que chacun joue son rôle et assume sa part à la résolution du problème". Si Dominique Schelcher refuse d'être le porte-parole du secteur, il émet néanmoins plusieurs pistes de réflexion pour apporter des solutions.
"La première chose, c'est plus de contrôles", avance le responsable qui abonde donc dans le sens du gouvernement qui entend les multiplier en grande distribution afin de vérifier la provenance des produits et les prix.
Multiplier les contrats tripartites
"Il n'y a pas assez de transparence: 30% des fournisseurs qui viennent nous voir font une transparence sur la part de matières premières agricoles. Il faut que tous les industriels viennent avec une vraie transparence", explique Dominique Schelcher qui admet que ce point dans la loi Egalim "ne fonctionne pas bien".
Le PDG souhaite également que les "clauses d'indexation" des contrats passés avec les agriculteurs soient réellement appliquées. "La loi Egalim prévoit que les contrats soient dotés de ces clauses qui font que, si la part de matière agricole bouge dans l'année, on en tienne compte dans l'année. C'est un sujet crucial pour les agriculteurs dont les coûts ont augmenté, or les négociations c'est pendant deux mois et demi, trois mois".
"Le système actuel de négociations" (une fois par an) "ne fonctionne pas", répète Dominique Schelcher, "il est à bout de souffle, ne pas pouvoir s'adapter tout au long de l'année, ça ne tient plus".
"Il faut multiplier les contrats tripartites dans le lait par exemple. Il faut que soient présents autour de la table, les industriels, les distributeurs et les agriculteurs et qu'on signe à trois", poursuit-il.
"Enfin, il faut rappeler que la loi Egalim est expérimentale et une mission d'évaluation vient d'être mise en place. Accélérons le travail de cette commission, et qu'on réfléchisse sur ces pistes pour sanctuariser et faire progresser le revenu" des agriculteurs, propose le dirigeant.