BTP, agriculture: les vols d'engins de chantiers et de tracteurs sont de plus en plus fréquents

Pour les métaux qu'ils renferment, pour leurs pièces ou encore pour alimenter des marchés parallèles, les engins de chantier et les machines agricoles deviennent des cibles privilégiées de voleurs particulièrement organisés.
Selon une étude menée par Coyote et l'Observatoire Français de l'Industrie du Commerce et des Services, 1 entreprise du BTP sur 2 et 1 entreprise agricole sur 4 ont été concernées de près ou de loin par un vol d'engins l'an passé, soit 13% de plus en un an.
Le phénomène n'est malheureusement pas nouveau mais il prend de l'ampleur, poussé par la hausse des cours de certains métaux notamment mais aussi par le contexte géopolitique.
Dans le BTP, des vols multipliés par 3 depuis l'avant-covid
Et la tendance commence à franchement inquiéter la filière. "Le vol a toujours été une réalité dans nos métiers mais nous avons atteint un stade vraiment critique. Nous estimons que les délits ont été multipliés par trois en 2022 par rapport aux années précédant le covid" explique Joël Fruchart, président de la commission location de la DLR, la fédération des matériels interrogé par Chantiers de France.
Sur les chantiers, 69% des vols concernent des équipements (outillage, groupe électrogène...), 28% des véhicules utilitaires et 14% des engins mobiles de chantier comme les pelleteuses, bulldozers, tractopelles. Première région concernée, l'Auvergne-Rhône-Alpes.
Pourquoi cette hausse brutale? Il semble que certains de ces engins volés se retrouvent assez rapidement dans l'Est de l'Europe, notamment en Ukraine où il y a de forts besoins depuis le début de la guerre. De quoi expliquer par exemple que 96% des engins volés ne sont jamais retrouvés.
L'appel d'air de l'Ukraine
Les voleurs font preuve d'audace car ces équipements sont généralement très volumineux et pèsent plusieurs tonnes. Mais ils sont rapidement chargés sur des camions et traversent en quelques heures la frontière.
Ces équipes bien rodées, appartenant à des réseaux, profitent également d'une sécurisation des équipements assez aléatoire. Selon l'étude, 74% des engins de BTP dérobés se situaient dans un lieu fermé ou sécurisé, un quart est donc en quasi libre accès.
Du côté des exploitations agricoles, 21% des vols concernent des engins mobiles comme les tracteurs. Le Grand Est est la région la plus affectée. 91% des engins ou véhicules agricoles dérobés se situaient pourtant dans un lieu fermé ou sécurisé, avance l'étude, mais ces lieux sont souvent isolés, ce qui permet d'agir en toute tranquillité.
Pour les acteurs du BTP ou les exploitants agricoles, les conséquences sont désastreuses. Il y a bien sûr la désorganisation engendrée (74% des entreprises du BTP, 56% des entreprises agricoles) qui provoquant des pertes financières directes et indirectes. Au global, 66% des entreprises estiment que cette perte indirecte peut aller jusqu'à 10.000 euros.
Seulement 4 à 6% des entreprises volées ont été dédommagées à 100%
Mais ce sont les coûts de remplacement qui font le plus mal. Car dans la plupart des cas, les assurances dédommagent à de faibles niveaux.
87% des entreprises de BTP et 95% dans le domaine agricole ayant subi un vol n’ont pas été remboursées en totalité des coûts par leur assurance avance l'étude. Seules 4 à 6% ont été couvertes intégralement.
Pour les entreprises et les agriculteurs, quels sont les moyens pour se protéger? L'installation d'alarmes, de caméras ou encore de protections mécaniques ne semble pas décourager les voleurs.
L'idée serait de s'appuyer sur des solutions éprouvées pour contrer le vol de voitures comme les puces de géolocalisation en temps réel. 31% des entreprises interrogées pourraient opter pour ce type de technologie qui permet donc de suivre à la trace un véhicule dérobé.