BFM Business
Assurance Banque

Néo-banques: quelques conseils avant de se lancer pour éviter les mauvaises surprises

placeholder video
Alors que les affaires de comptes fermés et de fonds perdus se multiplient, quelles sont les bonnes pratiques à appliquer avant de se lancer et de choisir une néo-banque?

Avis de tempête sur les néo-banques en France? Certains acteurs bancaires en ligne suscitent en effet depuis quelques temps la polémique.

On peut citer le dossier Swoon placée en liquidation judiciaire qui a laissé sur le carreau des centaines de clients avec un préjudice de plusieurs millions d'euros.

Ou encore la pourtant bien installée N26 qui compte 2,5 millions de clients: plusieurs centaines de clients de la banque en ligne dénoncent depuis des mois des fermetures de comptes arbitraires et la disparition de leur argent.

Ces affaires mettent en avant l'importance de bien se renseigner avant d'ouvrir un compte chez ces acteurs. Quelles sont alors les bonnes pratiques à adopter?

> Prudence: une néo-banque n'est pas forcément une banque

Comme le souligne le régulateur bancaire l'ACPR, la notion de néo-banque n’a aucun fondement juridique et entretient la confusion dans l’esprit du public.

Sont d’ailleurs classées sous ce vocable des entreprises fort différentes: certaines sont des établissements de crédit (appelés aussi banques) quand d’autres sont des établissements de paiement ou des établissements de monnaie électronique, ou encore des agents ou des mandataires.

En avril dernier, l'ACPR, le régulateur bancaire, avait d'ailleurs tapé du poing sur la table concernant la dénomination de "néobanque", trop facilement accolé à des fintechs.

> Quelles sont les grandes différences entre une banque classique et une néo-banque?

La première dispose de succursales physiques quand la seconde est 100% virtuelle. Les banques classiques facturent des frais plus élevés que les établissements en ligne notamment pour les cartes bancaires et les retraits à l'étranger.

Par contre, le périmètre d'offres est plus réduit chez les néo-banques. Il est en effet crucial de différencier les établissements de paiement et les établissements de crédits.

Seuls les seconds peuvent proposer des solutions d'épargne, de crédit ou même d'un chéquier. C'est le cas des banques traditionnelles. La majorité des néo-banques (à l'exdeption de N26) ne dispose pas de licence bancaire mais d'un agrément d'établissement de paiement. Elles ne peuvent donc pas proposer de découvert autorisé, de chéquier ou d'encaisser des chèques.

C'est une différence de taille puisque les garanties sont différentes. Les clients banques classiques bénéficient d'une garantie de ses fonds à hauteur de 100.000 euros en cas de faillite.

> Une véritable néo-banque doit avoir un agrément

Un établissement en ligne qui propose notamment d'ouvrir des comptes à vue (comptes courants) ou des livrets d'épargne doit être déclaré à l'ACPR et obtenir un agrément dédié pour exercer en tant qu'établissement de paiement et/ou d'établissement de crédit.

Ce qui permet à ce régulateur de surveiller les établissements en question. Sans agrément, pas de surveillance: ce qui peut entraîner les abus que l'on a observé.

Cet agrément bancaire doit être clairement affiché, notamment sur le site Web de la banque en ligne.

Swoon par exemple ne disposait pas d'un tel agrément mais s'est enregistré auprès de l'ACPR en tant qu'agent d’établissement de paiement, une inscription qui a entretenu la confusion avec des clients qui pensaient à tort qu'il s'agissait d'un agrément.

Il faut donc vérifier précisément si la banque en question dispose ou pas d'un agrément et quel est cet agrément.

> Vérifier en ligne, c'est simple

Le régulateur publie deux listes mises à jour régulièrement qui permettent de connaître les établissements autorisés à proposer des produits bancaires ou d'assurance: REGAFI et REFASSU.

Attention, il faut bien préciser le nom de l'entreprise gestionnaire qui n'est pas toujours le nom commercial.

Il publie également une liste noire sur ABEIS (rubrique Vos démarches/Se protéger contre les arnaques) des sites ou entités proposant des crédits, des livrets d’épargne, des services de paiement ou des contrats d’assurance sans y être autorisés.

Cette liste noire recense les sites ou entités que l’Autorité parvient à identifier ou qui lui sont signalés, mais n’est en rien exhaustive. De nouveaux sites apparaissent régulièrement et peuvent évoluer très rapidement, souligne l'Autorité.

371 nouveaux sites ont ainsi été inscrits au 3e trimestre 2021. En 2020, sur les 1081 inscriptions sur la liste noire, la quasi-totalité des offres frauduleuses identifiées concernait de faux crédits ou livrets d’épargne.

Se renseigner sur les sites spécialisés de la réputation de tel ou tel établissement est également un réflexe à prendre.

> Attention aux usurpations de marque

Et il faut encore et toujours vérifier même si le nom et le site de l'établissement paraît légitime. L'an passé, 40% des entités inscrites sur liste noire proposaient des offres qui usurpaient l’identité d’un établissement ou d’un intermédiaire financier autorisé à commercialiser de tels produits.

"Les fraudeurs usurpent de plus en plus d’informations officielles pour tromper le public, leurs techniques évoluent constamment (utilisation de sites ou d’adresses mail très proches des entités usurpées…)", souligne l'Autorité.

Des outils comme France Vérif permettent de vérifier si le site Web que l'on consulte est bien légitime et n'usurpe pas une marque, une enseigne, un nom.

> Plus c'est gros, plus c'est douteux

Evidemment, le bon sens doit également prévaloir pour ne pas se laisser avoir par des promesses irréalistes.

"Dans le contexte actuel, il est improbable qu’une vraie banque propose des livrets d’épargne garantis et sans risque avec une rémunération de 3% ou plus", souligne l'ACPR.

Il faut donc se méfier des offres proposant des rémunérations très attractives.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business