Carton plein pour l'assurance vie en novembre

L'assurance vie amorce une fin d'année en trombe: les épargnants ont déposé au mois de novembre 4 milliards d'euros de plus qu'ils n'en ont retiré, du jamais vu depuis juillet 2010.

Le directeur général de France assureurs Paul Esmein a salué lors d'une conférence téléphonique la "poursuite de la très belle trajectoire que l'on observe depuis de nombreux mois".

Dans le détail, les cotisations (sommes versées sur les contrats) ont atteint 15,1 milliards d'euros (+18% sur un an).

Le niveau de prestations (qui comprennent les rachats et les versements en cas de décès) a dans le même temps affiché une baisse de 11%, à 11,0 milliards d'euros.

Le solde entre les deux, dit "collecte nette", arrondi à 4 milliards d'euros, se présente aussi comme le meilleur mois de novembre depuis 2006.

Il s'inscrit dans la foulée du deuxième meilleur mois de septembre en 15 ans et du meilleur mois d'octobre jamais enregistré.

"On a une année 2024 qui est en tous points remarquable pour l'assurance vie", s'est félicité Paul Esmein.

Depuis le début de l'année, les titulaires de contrats d'assurance vie ont déposé 28,2 milliards d'euros de plus qu'ils n'en ont retiré, portant l'encours total à 1.985 milliards d'euros à fin novembre, un record.

Économie réelle

Le solde net de l'assurance vie cache par ailleurs une réalité contrastée selon les supports.

D'un côté, les unités de comptes (UC), investissements plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs, ont connu une collecte nette positive de 32,5 milliards d'euros depuis janvier.

De l'autre les fonds en euros, garantis en capital, se sont dégarnis de 4,3 milliards d'euros, affichant néanmoins un solde net positif en février, mars, avril, septembre et novembre.

Paul Esmein a par ailleurs insisté sur la contribution de l'assurance vie à l'économie réelle via les investissements réalisés dans les obligations souveraines et dans les actions d'entreprises.

C'est aussi le point de faiblesse potentiel des UC: le CAC 40 ayant reculé d'environ 2,15% l'an dernier, pâtissant notamment de la faible performance de la zone euro.

L'assurance vie reste l'un des placements favoris des Français, avec un capital moyen d'environ 100.000 euros par souscripteur.

La collecte nette des plans d'épargne retraite (PER), souvent dynamique en fin d'année à la faveur de l'avantage fiscal, s'est établie à 1,3 milliard d'euros en novembre (+25% sur un an), selon France assureurs.

À fin novembre 2024, les PER comptabilisent 6,7 millions d'assurés pour un encours de 90 milliards d'euros.

Match des taux

L'année 2024 marque un retour en grâce de l'assurance vie, après un millésime 2023 passable, pénalisé par la concurrence de produits d'épargne à taux attractifs, dont le Livret A et ses 3% nets.

Les premiers taux de rendement des fonds euros annoncés pour 2024 - 3,75% pour Ampli mutuelle, 3,5% pour Garance, tous deux stables - devraient durcir la compétition en 2025.

En face, le taux du Livret A va baisser "autour de 2,5%" au 1er février, a déclaré lundi sur France Inter le ministre de l'Économie Éric Lombard, qui attend la proposition du gouverneur de la Banque de France mi-janvier pour préciser ce chiffre.

Les taux des fonds en euros s'entendent cependant bruts de prélèvements sociaux et fiscaux, contrairement au Livret A.

Les premiers taux annoncés sont souvent les mieux-disants du marché et ne reflètent pas les performances qu'afficheront l'ensemble des assureurs, prévient toutefois le président du cabinet spécialisé Facts & Figures, Cyrille Chartier-Kastler.

Joint par l'AFP, il maintient sa prévision d'un taux moyen pour les fonds en euros proche des 2,50% pour 2024.

OC avec AFP