Bruno Le Maire à propos de la faillite de SVB : “Je ne vois pas de risque de contagion"

Bruno Le Maire à l'Elysée, le 15 février 2023 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
La chute de la banque SVB ne met pas en péril les banques françaises. Invité de FranceInfo, Bruno Le Maire s’est voulu rassurant.
“Je ne vois pas de risque de contagion, il n’y a pas d’alerte spécifique sur le secteur bancaire français”, a affirmé le ministre de l'Economie.
La faillite de Sillicon Valley Bank aux Etats-Unis a fait craindre d’autres chutes de banques dans le monde. Mais pour Bruno Le Maire, le lien n’est pas si évident : “le système bancaire français est solide”, a-t-il martelé.
L’effet domino n’est en effet pas l’hypothèse privilégiée. Mais la question centrale est celle de la confiance des épargnants dans le secteur. Or, “la confiance ne se décrète pas”, souligne Nicolas Doze, éditorialiste BFM Business.
Pour les experts du secteur, la disparition en à peine deux jours de SVB ne devrait avoir que des conséquences limitées pour le secteur bancaire. Auprès de l'AFP, Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management, se veut rassurant, estimant "faible", dans une note, le risque "d'un incident de capital ou de liquidités parmi les grandes banques". "Le bilan de ces grosses banques n'est pas du tout le même" que celui de SVB, a confirmé sur BFM Business Diane Neuville, analyste chez ODDO BHF.
Les problèmes rencontrés par la banque "sont très spécifiques" et ne sont pas de nature "à affecter l'ensemble du secteur bancaire, encore moins les grandes banques", abonde Ken Leon, analyste pour le cabinet CFRA.
De fait, depuis la crise financière de 2008/2009 et la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les banques doivent donner des gages renforcés de solidité à leurs régulateurs nationaux et européens. Elles doivent par exemple justifier d'un niveau minimal de capital plus important destiné à éponger les éventuelles pertes.
"On n'est plus dans le monde de 2008"
Pour les analystes de Morgan Stanley, "les pressions de financement auxquelles la SVB est confrontée sont très particulières et ne doivent pas être considérées comme la norme pour les autres banques régionales". "Je crois qu'on est sur quelque chose de plutôt isolé. Et il ne faut pas oublier ce que les banques centrales, entre la crise des subprimes et aujourd'hui, sont devenues, les instruments d'action assez massifs qu'elles ont développés, leur coordination... On n'est plus dans le monde de 2008", indique sur BFM Business Frédéric Farah, économiste, enseignant-chercheur affilié au laboratoire Phare de la Sorbonne.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a ainsi estimé vendredi que le secteur bancaire restait "résilient". Une des conseillères économiques de la Maison Blanche, Cecilia Rouse, a pour sa part souligné que le secteur était "fondamentalement différent de ce qu'il était il y a dix ans". Pour Éric Compton de Morningstar, les déboires de SVB rappellent cependant "qu'il peut être très difficile de prévoir" comment les risques liés aux niveaux de liquidités peuvent évoluer au cours d'un trimestre et "quand ils peuvent se matérialiser".
Le risque des hausses de taux sur les banques
La perte engendrée par la vente des titres financiers de SBV a aussi remis en lumière le risque que la montée des taux d'intérêt opérée depuis un an par la banque centrale américaine pour tenter de lutter contre l'inflation, fait peser sur les banques. D'un côté, les banques en profitent car cela augmente leurs revenus issus des intérêts sur les prêts qu'elles consentent. Mais cela augmente aussi les taux auxquels elles empruntent elles-mêmes et affecte "la demande pour les prêts", ajoute-t-il.
Par ailleurs, la montée des taux abaisse mécaniquement la valeur des obligations détenues par les banques. La FDIC a récemment prévenu que leurs pertes potentielles à cet égard s'élevaient actuellement à 620 milliards de dollars. Mais il n'y a pas de raisons a priori pour que les grandes banques, qui ont des dépôts "amplement suffisants" provenant "de sources diversifiées", se voient obligées de vendre à perte des obligations avant qu'elles arrivent à terme, remarque Ken Leon.