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Après les agences, les banques s'attaquent à leurs distributeurs automatiques

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BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit-Mutuel réfléchissent à la fusion de leur réseau de distributeurs automatiques. Une première dont le but est de renforcer la rentabilité mise à mal des banques de détail.

C'est une révolution dans le secteur ultra-concurrentielle de la banque de détail en France. Trois établissements, BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit-Mutuel envisagent de fusionner leur réseau de distributeurs automatiques, soit 15.000 DAB (distributeurs automatiques de billetes) sur 48.000 au total en France. But de la manoeuvre: aller chercher de la rentabilité dans une banque de détail de plus en plus sous pression.

Des DABS qui coûtent chers et rapportent peu

Les banques cherchent par tous les moyens à tailler dans leurs coûts. Or les distributeurs automatiques de billets coûtent chers. Il faut compter entre 25.000 et 32.000 euros par an tous frais confondus (maintenance, approvisionnements, location du local...).

Surtout, les DAB rapportent de moins en moins. En France en effet, l'usage du cash s'érode. Un mouvement qui s'est encore accéléré avec le Covid et l'essor du paiement sans contact. Selon le Groupement des cartes bancaires, les retraits d'espèces ont chuté de 23% l’an dernier et selon une récente étude de Panorabanques, les Français font aujourd’hui moins de deux retraits par mois.

"C'est sur les paiements par carte que les banques gagnent de l'argent, mais pour elles, le cash est un poste déficitaire. Elles y perdent plus qu’elles n’y gagnent", souligne un expert.

Supprimer des DAB sans créer de déserts bancaires

Dans ce contexte, plusieurs options ont été envisagées. L'idée, un temps évoqué, de faire payer les retraits plus chers a été abandonné. "Trop sensible vis à vis des clients", nous dit un haut responsable bancaire.

Autre option: les banques pourraient chacune de leur côté supprimer des distributeurs automatiques, mais ce serait prendre le risque de créer des déserts bancaires et de faire hurler les élus locaux, très attachés à l'accès au cash. D'où ce projet: fusionner l'ensemble des distributeurs des trois banques permettrait d'en supprimer tout en préservant les points d’accès et en maillant le territoire. C'est d'autant plus facile que les trois groupes sont complémentaires: Société Générale et BNP Paribas sont très présentes en zone urbaine. Le Crédit-Mutuel, lui, est très implanté en zone rurale.

Concrètement, un client pourra aller dans n'importe quel distributeur de l'un des trois réseaux pour réaliser ses opérations: retrait d'espèce, remise de chèque ou encore édition d'un RIB.

Pour autant, rien n'est définitivement arbitré. Les trois groupes se donnent jusqu’à la fin de l’année pour trancher. Le temps d’évaluer "la faisabilité informatique", nous dit l’une des trois banques au cœur du projet, mais aussi d’en débattre avec les élus du personnel et les représentants des collectivités locales. Le projet n’est d’ailleurs pas fermé. D’autres banques pourraient y prendre part. Quoi qu’il en soit, aucun distributeur commun ne verra le jour avant 2023.

Caroline Morisseau