Après Leroy Merlin, Bonduelle à son tour accusée par l'Ukraine de financer la guerre
L'affaire Bonduelle n'est pas close. Le groupe français a été mis en cause et placé par l'agence nationale ukrainienne anticorruption dans une liste "des financeurs de la guerre", regroupant 12 entreprises qu'elle appelle à boycotter.
L'entreprise est accusée d'avoir envoyé 10.000 colis alimentaires de Noël à des soldats russes accompagnées d'une carte de vœux indiquant: "Cher soldat, bonne année! Nous vous souhaitons le meilleur et une victoire rapide". L'agence ukrainienne affirme aussi que Ekaterina Eliseeva, directrice du bureau de représentation de Bonduelle en Russie, "a étudié à la FSB Academy (les services d'espionnage russe) pour devenir traductrice". Elle pointe aussi la poursuite de ses activités en Russie.
"Bonduelle n'envisage pas de quitter le marché russe et continue de payer des impôts, droits et autres contributions au budget russe, finançant ainsi la guerre", ajoute l'agence anticorruption, qui nomme les dirigeants Gregory Sanson et Guillaume Debrosse.
Contacté par BFM Business, le groupe a déclaré ne pas avoir "de commentaire supplémentaire à faire".
Les explications de Bonduelle
En effet, Bonduelle a déjà démenti avoir envoyé ces colis à des soldats russes: "ces informations, ainsi que les déclarations attribuées à la société Bonduelle et à sa direction sont totalement fausses".
"C'est une mise en scène 100% fausse, jamais nous n'avons réalisé ce type de colis", nous a assuré un porte-parole de Bonduelle.
Le groupe confirme avoir envoyé des colis alimentaires, mais ils étaient destinés à "des banques alimentaires, en Russie et partout à l'international" dans le programme "baskets of kindness" (paniers de la bonté). Ce projet est référencé sur le site des Nations Unies. Il a été lancé par "X5 Retail Group et Foodbank en 2015" avec pour but de "soutenir les personnes dans le besoin".
Quant à la formation de Ekaterina Eliseeva au FSB, Bonduelle reconnaît les faits, mais précise que c'était "pour y suivre une formation de traductrice", métier qu'elle a exercé avant de reprendre des études dans la logistique et travailler dans des entreprises privées comme Unilever ou Danone, comme le relate d'ailleurs l'article publié en 2019 dans l'édition russe de Forbes.
Reste la poursuite des activités de Bonduelle en Russie qui, avec Leroy Merlin (également citée par l'agence nationale ukrainienne anticorruption) fait partie des entreprises française accusées "de payer des impôts, droits et autres contributions au budget russe, finançant ainsi la guerre".
Pour l'ambassade d'Ukraine en France, "Bonduelle reste en Russie et donc, en principe, continue de faire des profits dans un pays terroriste qui tue des (Ukrainiens). Tout est dit."
L'entreprise possède en Russie trois usines et emploie environ 1000 salariés, mais explique ce choix par sa "mission alimentaire", nous a expliqué son porte-parole. Ce dernier nous a précisé fournir des denrées "à destination des 146 millions de consommateurs russes mais aussi des 90 millions de consommateurs des pays limitrophes, comme la Géorgie, Azerbaïdjan ou la Biélorussie".