BFM Business
Entreprises

Aldebaran: le spécialiste français des petits robots a-t-il été plombé par son propriétaire allemand?

placeholder video
Ses robots Nao et Plato sont devenus des symboles de la tech française et pourtant l'entreprise Aldebaran est en redressement judiciaire depuis deux mois. BFM Business a enquêté sur cette descente aux enfers au cours de laquelle beaucoup pointent du doigt l'actionnaire allemand.

Un symbole de la French Tech placé en redressement judiciaire. Aldebaran, créateur du petit robot humanoïde Nao, bien en vue à chaque édition du CES ou de Vivatech, est en quête d'un repreneur depuis deux mois et vient de débuter son plan social. En attendant le verdict du tribunal de commerce la semaine prochaine, c'est la responsabilité financière de son propriétaire allemand qui est mise en cause.

L'actionnaire a-t-il mené Aldebaran à sa perte? Une question posée au propriétaire allemand, selon les informations de BFM Business. La société française, rachetée par le groupe allemand United Robotics Group et financé par la fondation RAG, ne s'y retrouve pas dans la stratégie commerciale de son propriétaire.

Des prix bas qui ont rogné la marge

En effet, la filiale française engage et supporte la quasi totalité des coûts de fabrication des robots. La répartition est la suivante: production et R&D restent à la charge de la société française, tandis que la maison-mère, en Allemagne, assure distribution et marketing des robots.

Le maintien des prix bas décidé par le groupe allemand a donc pesé sur la marge. Déjà basse, à seulement 1,5%, elle est devenue au cours du temps pratiquement inexistante pour la filiale française. Celle-ci ne touche que les trois quarts de la marge, le reste étant reversé au propriétaire.

Très concrètement, pour un robot Plato, vendu 12.500 euros, la filiale française ne récupère que 135 euros. Une vente quasi à perte donc, et qui a certainement précipité le redressement judiciaire d'Aldebaran, au début de l'année.

Un plan social allemand, financé par la France

Désormais, United Robotics Group refuse de payer le plan social qui vient de débuter chez Aldebaran.

"C'est scandaleux! C'est l'État français qui règle la facture pour un groupe allemand aux revenus colossaux, via le régime de garantie des salaires", s'indigne une source auprès de BFM Business.

Pour gagner en attractivité auprès d'un éventuel repreneur, Aldebaran est en train de supprimer la moitié de ses effectifs. Selon un ingénieur, qui témoigne sous couvert d'anonymat, le plan massif de licenciement n'est évidemment pas la solution:

"Nous allons passer de 162 salariés à 99, pour la même quantité de travail, ça va être difficile de continuer longtemps comme ça."

Avec plus de 150 millions d'euros de perte depuis 2019, les comptes d'Aldebaran restent dans le rouge. Le pionnier de la robotique française a jusqu'à la semaine prochaine pour trouver un repreneur, sinon ce sera une liquidation pure et simple qui entraînerait, selon ce même ingénieur, la perte de "brevets technologiques d'exception".

Astrée Olivier