Le vin suédois est en plein essor: le pays a doublé la surface de son vignoble en 10 ans et pourrait encore le multiplier par 20 grâce au réchauffement climatique

Un pays inattendu émerge peu à peu dans les vignobles. Loin des côteaux toscans et bourguignons, la filière viti-vinicole est en plein essor en Suède, rapporte Bloomberg. Sur la dernière décennie, le nombre de vignobles à visée commerciale a doublé en Suède: le pays en compte désormais quarante. Environ 200 hectares de vignes y poussent aujourd'hui, surtout dans la région de Scanie, selon l'Office suédois de l'agriculture.
Les vins suédois, principalement blancs, veulent croire à un avenir prometteur grâce à la demande locale et aux exportations, alors que les traditionnelles régions viticoles du sud de l'Europe affrontent les premiers effets du changement climatique.
"Le potentiel est de 3.000 à 4.000 hectares" pour le vignoble suédois, indique Lotta Nordmark, chercheuse à l'Université suédoise des sciences agricoles, auprès de Bloomberg.
L'exemple britannique
À l'ambition mesurée, la Suède tourne son regard vers le modèle viticole du Royaume-Uni, autre outsider du vin qui a pris quelques décennies d'avance sur son voisin scandinave – quelques 3.700 hectares sont aujourd'hui comptabilisés outre-Manche, souligne Bloomberg. La Suède espère ainsi rejoindre le club des "vins à climat frais" à l'image de l'Allemagne, de la Nouvelle-Zélande ou du nord-ouest des États-Unis.
Cépage le plus populaire auprès des producteurs locaux, le solaris joue un rôle clef, car il résiste au froid et convient à une large gamme de vins.
"Il est facile de mépriser le vin suédois, donc les producteurs ont un gros travail à faire pour montrer qu'il est possible de produire des vins intéressants et complexes avec un profil de saveur différent", explique un vigneron suédois auprès du média financier américain.
Outre l'envie locale pour les vins suédois, la curiosité est aussi étrangère. Selon l'institut suédois de statistiques, les exportations ont grimpé de presque 30% depuis 2020, atteignant environ 29 millions d'euros en 2024. Elles sont principalement parties vers les autres pays européens, le Japon et les États-Unis.
Réglementation assouplie
Mais la partie n'est pas encore gagnée pour le vin suédois, encore confrontée à plusieurs obstacles. La filière locale est loin d'être suffisamment structurée à l'heure actuelle et, surtout, les coûts de production restent importants en raison de la petite taille du vignoble local, ce qui tire vers le haut le prix des bouteilles suédoises. Ces dernières sont bien plus chères que leurs équivalents d'autres pays européens.
Une nouvelle loi, entrée en vigueur en juin dernier, pourrait donner un coup d'accélérateur au développement de la filière. En Suède, la vente d'alcool est sujette au monopole d'une entreprise publique, la seule à pouvoir vendre des alcools au-delà de 3,5% dans ses magasins. À titre expérimental, les domaines sont désormais autorisés à vendre directement leur production aux consommateurs.