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"Trahison": les agriculteurs britanniques se mobilisent contre une nouvelle taxe sur la succession

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Au Royaume-Uni, des milliers d'agriculteurs se mobilisent aussi. Ils sont rassemblées à Londres pour s'opposer à un projet de taxe sur la succession avancée par le gouvernement travailliste.

Des milliers d'agriculteurs britanniques se sont rassemblés mardi dans le centre de Londres pour protester contre une taxe controversée sur la succession de certaines fermes annoncée par le gouvernement travailliste. Bravant la pluie et même quelques flocons de neige, les manifestants, pour certains arrivés en tracteurs, se sont réunis devant Downing Street pour exprimer leur colère contre ce projet du gouvernement, qu'ils accusent de "trahison".

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Avec l'annonce de cette taxe, celui-ci "a détruit le contrat" qui l'unissait aux paysans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a affirmé le président du National Farmers Union (NFU), principal syndicat britannique, Tom Bradshaw, interrogé sur la chaîne Sky news. Il a assuré que les manifestations "se poursuivraient" aussi longtemps que nécessaire, soulignant que le Labour ne pouvait pas "annoncer une politique aux conséquences humaines aussi désastreuses, et croire que nous allons rester silencieux".

Outre cette manifestation, un mouvement de "lobbying massif" des députés est aussi prévu, selon la NFU, qui représente plus de 45.000 membres en Angleterre et au Pays de Galles.

Taux d'imposition de 20%

Jusqu'à présent, les exploitations agricoles britanniques pouvaient bénéficier d'une exonération des droits de succession sur leurs biens et propriétés, une mesure censée faciliter la reprise des fermes. Le gouvernement travailliste a toutefois annoncé le 30 octobre, lors de la présentation de son premier projet de budget, que cette exonération ne s'appliquerait plus aux exploitations dont la valeur dépasse un million de livres (1,20 million d'euros) à partir d'avril 2026. Ces exploitations seront désormais soumises à un taux d'imposition de 20%, soit la moitié du taux habituel des droits de succession.

Le Premier ministre, Keir Starmer, a assuré lundi qu'il comprenait les "inquiétudes" des agriculteurs, mais a réaffirmé que "la grande majorité des exploitations agricoles" ne seraient pas affectées. Il a précisé que le seuil réel à partir duquel ces droits de succession seraient payés pourrait s'élever à 3 millions de livres (3,6 millions d'euros) en raison des abattements prévus dans le cas où un couple souhaite transmettre son exploitation à un enfant.

Keir Starmer a également souligné que 5 milliards de livres (6 milliards d'euros) dans le budget étaient consacrées à l'agriculture sur les deux prochaines années.

"75% des fermes commerciales"

Selon des données du Trésor, les trois quarts des agriculteurs échapperont à cette taxe. Mais les agriculteurs s'appuient eux sur des chiffres du ministère des Affaires rurales, selon lesquels 66% des entreprises agricoles ont une valeur supérieure à un million de livres. "Nous avons une énorme méfiance vis-à-vis de ces chiffres, sur lesquels le ministère et le Trésor n'arrivent même pas à s'entendre", a fustigé Tom Bradshaw mardi.

"Nos propres données suggèrent que 75% des fermes commerciales, celles qui produisent la nourriture de ce pays, seront dans l'œil du cyclone", a affirmé Tom Bradshaw sur Sky News.

De l'autre côté de la Manche, les agriculteurs français poursuivent mardi un vaste mouvement de protestation débuté la veille. Ils s'opposent notamment à la signature par l'Union européenne d'un accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur, entre autres grands producteurs de viande. Depuis le Brexit, les fermiers britanniques ont souffert de pénuries de main-d'œuvre et d'un déficit de financement, ne bénéficiant plus des fonds de la politique agricole commune européenne (PAC).

Elon Musk s'en mêle

Le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X, s'est lui aussi mêlé de l'affaire, estimant que "la Grande-Bretagne est en train de devenir complètement stalinienne", en allusion à la collectivisation forcée des exploitations agricoles par Joseph Staline en Union soviétique dans les années 1930. Il commentait une tribune publiée dans le Guardian selon laquelle cette taxe pourrait conduire de gros propriétaires à vendre une partie de leurs terres, permettant ainsi à de jeunes agriculteurs d'en acquérir.

J. Br. avec AFP