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"La pilule est un peu difficile à avaler": la FNSEA déplore la chute du gouvernement Barnier

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Le président de la FNSEA a regretté la censure du gouvernement Barnier, estimant qu'elle allait retarder une nouvelle fois la concrétisation des promesses faites par l'exécutif aux agriculteurs.

Réveil difficile pour la FNSEA. La chute du gouvernement Barnier a, une nouvelle fois, entravé la route des mesures promises aux agriculteurs. "La pilule est un peu difficile à avaler", a reconnu son président Arnaud Rousseau, évoquant une "gueule de bois" au lendemain de la censure. Depuis des mois, la FNSEA négocie avec l'exécutif pour traduire ses revendications dans des textes législatifs et réglementaires, dans le sillage des manifestations hivernales. La dissolution de l'Assemblée nationale avait donné un premier coup d'arrêt aux travaux parlementaires, sous l'ex-gouvernement Attal, et la récente censure a encore appuyé sur le bouton stop.

"Pour la deuxième fois en moins de six mois le travail que nous avons réalisé vient de partir à la rivière", a regretté Arnaud Rousseau, selon des propos rapportés par l'AFP.
Doze d’économie : La censure, et après ? - 05/12
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Le président de la FNSEA s'exprimait en Dordogne lors d'un meeting commun avec son partenaire syndical des Jeunes agriculteurs (JA), devant lancer la campagne de l'alliance majoritaire pour les prochaines élections professionnelles. "Ceux qui vous expliquent qu'avec une loi d'exception on aura corrigé le tir la semaine prochaine vous mentent", a déploré Arnaud Rousseau, qui a appelé Emmanuel Macron à nommer rapidement un nouveau Premier ministre, qui devra "dire très clairement" ce qu'il entend faire "dès sa nomination". "Dans ce pays, sans gouvernement, pas de texte de loi, pas d'avancée législative et pas de réponse à nos questions", a-t-il soutenu.

Élections agricoles

La dernière mouture du projet de budget 2025, en bien mauvaise posture à l'heure actuelle, concrétise une partie des mesures promises aux syndicats agricoles pour répondre aux mobilisations des derniers mois. Parmi celles-ci, la suppression de la hausse programmée de la taxe sur le gazole non routier (GNR), principal carburant des engins agricoles, qui avait été l'une des étincelles de la colère du début d'année. Or, si le budget 2024 est reconduit, comme cela se profile, cette hausse reviendra sur la table. Par ailleurs, la loi d'orientation agricole, sans cesse repoussée par l'incertitude politique, risque bien d'être encore retardée par la chute du gouvernement Barnier.

"Nous n'avons plus d'État, nous n'avons plus de gouvernement pour nos solutions, eh bien je vous dis les amis, à compter de ce [mercredi] soir, il n'y a plus de contrôles dans nos exploitations", a affirmé Arnaud Rousseau, offensif. La FNSEA a aussi promis de demander des comptes aux députés qui ont voté la censure. Alors qu'approchent les élections dans les chambres d'agriculture, elle monte le ton pour se faire entendre. La bouillonnante Coordination rurale, qui s'est illustrée par ses coups d'éclat lors des manifestations, compte bien ravir quelques chambres d'agriculture à la FNSEA et ne retient pas ses coups contre l'alliance syndicale majoritaire.

La Coordination rurale, elle, n'avait pas appelé à maintenir le gouvernement en place. L'organisation syndicale avait déclaré "laisser aux parlementaires la responsabilité de leur vote", estimant que le budget 2025 "viendra à être établi de toute façon".

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV