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La Confédération paysanne veut "mettre de la transparence" dans les chambres d'agriculture

Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne, s'adressant aux journalistes lors d'un rassemblement organisé par le syndicat et le collectif STOP CETA/Mercosur, près du ministère des Finances, le 13 novembre 2024 à Paris (photo d'illustration).

Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne, s'adressant aux journalistes lors d'un rassemblement organisé par le syndicat et le collectif STOP CETA/Mercosur, près du ministère des Finances, le 13 novembre 2024 à Paris (photo d'illustration). - Grégoire CAMPIONE / AFP

La Confédération paysanne est arrivée dans trois départements lors des élections agricoles. Le syndicat agroécologique espère désormais bénéficier d'une meilleure attention de la part du gouvernement.

La Confédération paysanne, elle aussi, grignote l'hégémonie de la coalition FNSEA-JA. Le syndicat agroécologique est parvenu à lui prendre trois territoires lors des récentes élections agricoles, malgré la percée de la Coordination rurale concurrente.

L'Ardèche, la Corse et la Guyane passent sous la bannière de la Conf', s'ajoutant à Mayotte qu'elle contrôle depuis 2019 – l'élection y a été reportée d'un an en raison du cyclone Chido, mais le syndicat a de bonnes chances d'y garder la main.

Lorsqu'on l'interroge sur ces premiers résultats départementaux, sa porte-parole nationale évoque "une forme de satisfaction mesurée" pour le troisième syndicat agricole. Selon les estimations internes, en attendant la publication des résultats consolidés par le ministère de l'Agriculture, "nous frôlons 21%" des voix au niveau national, souligne Laurence Marandola, qui y voit "un joli score" pour la Confédération paysanne dans un "contexte de crise agricole, politique et syndicale"

Échec sur le fil en Ariège

"Cela ne masque pas la forte montée de la Coordination rurale, qui surfe sur l'absence de réponses aux inquiétudes des paysans", tempère-t-elle auprès de BFM Business. La CR, incarnée par ses militants aux bonnets jaunes qui ont multiplié les coups d'éclat médiatiques au cours de la crise agricole, n'est "pas une alternative" à la FNSEA, proteste Laurence Marandola, déplorant un "discours simpliste, démagogique et populiste" qui a "instrumentalisé la colère" du monde agricole.

"Nous gagnons des voix, la Coordination rurale gagne, le seul qui perd, c'est le duo FNSEA-Jeunes agriculteurs", observe Laurence Marandola.

En dépit de son bon score national, la Conf' ne cache pas ses regrets dans quelques territoires. À l'ouverture de la campagne électorale, le syndicat s'était fixé comme objectif de remporter une dizaine de chambres. La Loire-Atlantique lui a échappé, de même que l'Ariège malgré la présence d'une liste dissidente de la FNSEA. Dans le département pyrénéen, seules 79 voix séparent la liste victorieuse de celle de la Conf', sur laquelle figurait Laurence Marandola à la quatrième place.

La liste dissidente, qui est arrivée en tête, n'est qu'un "clone" de la coalition FNSEA-JA, selon ses propres mots. "Le plus difficile pour nous, en Ariège, c'est de savoir que l'élection s'est jouée à peu de chose et que l'on va encore conserver le même modèle de gouvernance pendant six ans", regrette la porte-parole du syndicat agroécologique, qui énumère le "non-respect du pluralisme" dans la chambre ariégeoise et une "opacité totale" sur les décisions prises par l'actuel bureau.

"Écouter tout le monde"

Au-delà de l'Ariège, dans les autres chambres contrôlées par le duo FNSEA-JA, la Confédération paysanne n'a eu de cesse de critiquer une habitude de gouvernance fermée aux autres syndicats. La Conf' promet aujourd'hui de changer les choses dans les territoires nouvellement conquis. "Nous allons mettre de la transparence" et "du pluralisme" dans les chambres, en donnant une place dans le bureau à un représentant de chaque syndicat concurrent, garantit Laurence Marandola.

Quoi qu'il en soit des résultats électoraux, la Confédération paysanne veut continuer à faire entendre sa propre voix dans les combats agricoles. Le syndicat, porté par sa progression sur le terrain, espère bénéficier d'une meilleure attention de la part du gouvernement. "C'est une évidence", anticipe sa porte-parole. L'exécutif, qui aura un bon nombre de décisions sur les sujets agricoles à prendre dans les prochaines semaines, devra "écouter tout le monde, davantage qu'auparavant".

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV