Élections agricoles: La Confédération paysanne affirme avoir "gagné du terrain" face au "rouleau compresseur agroindustriel"

Des manifestants lors d'une action à l'appel de la Confédération Paysanne, le 5 décembre 2024 à Paris (photo d'illustration). - Thomas SAMSON / AFP
Derrière la percée de la Coordination rurale, les élections aux chambres d'agriculture ont réservé quelques victoires à la Confédération paysanne. Troisième syndicat agricole, la "Conf'" est parvenue à ravir deux départements à l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) et se félicite de "belles progressions" dans un bon nombre de départements. Par la voix de sa porte-parole nationale, Laurence Marandola, l'organisation syndicale s'est déclarée "satisfaite" par les premiers résultats locaux "au regard de [ses] objectifs" et "du contexte difficile sur le terrain".
"On gagne du terrain. Moins que la Coordination rurale, mais on gagne du terrain", a martelé Laurence Marandola lors d'une conférence de presse.
Victoire attendue et symbolique, l'Ardèche est passée sous les couleurs du syndicat agroécologique, qui a dépassé la barre des 40% dans le département rural. En Outre-mer, le syndicat s'est également imposé en Guyane, où la liste portée par le Groupement régional des agriculteurs de Guyane (Grage), affilié à la Confédération paysanne, est arrivée en tête à l'issue du scrutin. Du côté de l'archipel de Mayotte, la Conf' conserve encore la chambre locale pour le moment: dans ses mains depuis 2019, les élections mahoraises ont été repoussées sine die en raison du cyclone Chido.
La Confédération s'est toutefois inclinée en l'Ariège. La présence d'une liste dissidente de la FNSEA et l'absence de la Coordination rurale lui avaient dégagé la route, mais elle a perdu la bataille à quelques dizaines de voix. Ses ambitions ont été aussi contrariées à l'ouest de l'Hexagone: la Loire-Atlantique, qu'elle avait remporté une première fois en 2019 avant que l'élection ne soit annulée, est restée dans les mains de la solide coalition FNSEA-JA. Malgré de bons scores, d'autres départements comme la Drôme, les Alpes-de-Haute-Provence ou l'Isère lui ont aussi échappé.
"Le seul projet alternatif"
Le syndicat enregistre "des belles progressions dans la moitié des départements" et "des fortes progressions dans douze départements", a tenu à nuancer sa porte-parole, énumérant l'Outre-Mer, les Pyrénées ou la Provence. La Conf', qui défend un modèle agroécologique, se considère comme "le seul projet alternatif au rouleau compresseur agroindustriel". Au cours de la mobilisation agricole, elle avait voulu faire entendre sa différence entre la puissante FNSEA et la bouillonnante Coordination rurale, préférant ses modes d'action habituels aux actions médiatiques.
La Coordination rurale "a instrumentalisé la colère" en désignant des "boucs-émissaires", sans avancer de "propositions alternatives au modèle de la FNSEA", a regretté Laurence Marandola.
En Aveyron et en Corse, où les résultats se font attendre, la Confédération paysanne peut encore espérer rafler la mise. En attendant la publication des résultats nationaux, gage de représentativité des syndicats au sein du monde agricole. Pour l'heure, la Conf' estime réunir autour de 20,5% des voix au niveau national au vu des résultats locaux, un niveau en légère augmentation par rapport aux précédentes élections. La nette progression de la Coordination rurale "s'est faite au détriment de [l'alliance] FNSEA-JA", a observé Laurence Marandola.
En 2019, l'alliance FNSEA-JA avait réuni environ 55% des voix, contre 21,5% pour la Coordination rurale, 20% pour la Confédération paysanne et un peu moins de 2% pour le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef).